La durée de la Transition en Guinée au menu de la commémoration des 65 ans d’indépendance du pays

Afriquinfos Editeur
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Conakry  (© 2023 Afriquinfos)- En Guinée, le mois de septembre est symbole de moult commémorations. Pour cette année 2023, la date du 28 septembre, marque la célébration du 65ème anniversaire d’indépendance du pays, ainsi que l’ouverture du procès du massacre du stade de Conakry. Mais une date-clé marque encore plus les esprits depuis 2021: celle du 5 septembre qui constitue en cette 2023, le deuxième anniversaire du renversement du Président Alpha Condé.

Le 5 septembre 2021, un coup d’État militaire renverse le président Alpha Condé, fraîchement réélu pour un troisième mandat controversé un an plus tôt. Depuis, c’est le Comité national pour le rassemblement et le développement, CNRD, dirigé par le Colonel Mamadi Doumbouya qui reprend la gestion de la Guinée.

Deux ans après l’installation du Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) au sommet de l’État, des affiches de soutien ont fait leur apparition un peu partout dans la capitale. Certaines ont été installées à deux pas de la présidence. Leur présence divise les Guinéens.

Face aux passants, Mamadi Doumbouya dans un costume bleu électrique, le regard tourné vers l’horizon. À ses pieds, un lion et une panthère noire. Aboubacar Camara lâche : ‘’C’est moi qui ai fait la photo du président. Vraiment c’est formidable’’. ‘’Parce que je l’aime le président Mamadi Doumbouya. Il travaille bien’’.

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Pour d’autres encore, ‘’c’est le président de la transition. Donc, il ne doit pas avoir ici sa photo affichée alors qu’il y a un temps au bout duquel il faut qu’il parte. Moi, je l’aime beaucoup, mais normalement il doit dire aux gens d’enlever ça complètement.’’

Lors de sa prestation de serment, le 1er octobre 2021, le président de la Cour suprême avait appelé Mamadi Doumbouya à ne pas se laisser dérouter ‘’par la tempête du culte de la personnalité’’.

Toutefois, le président de la transition Doumbouya n’a aucunement fait cas de sa gouvernance dans son discours prononcé à l’occasion du 65ème anniversaire d’indépendance du pays, ce 28 septembre 2023. Il a axé son message au ‘’non’’ de la Guinée au référendum sur la France, a appelé les fils et filles du pays au pardon, au dialogue et a rendu un hommage aux ‘’devanciers qui ont permis à la Guinée d’acquérir sa liberté’’.

Des doutes sur la promesse du colonel Doumbouya à respecter la durée de la Transition

Fin 2022, le gouvernement guinéen et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) s’étaient accordés sur une transition de 24 mois, à compter de janvier 2023.

Pour ce faire, dix points devant conduire au retour à l’ordre constitutionnel ont été adoptés. Parmi eux,  l’adoption d’une nouvelle Constitution, la refonte du fichier électoral et l’organisation des élections générales. Mais Mamadou Kaly Diallo de la structure « Démocratie sans violence, la Baïonnette Intelligente » reste pessimiste : « Il n’y a aucune visibilité, ni de lisibilité sur les actions devant mener à un retour rapide à l’ordre constitutionnel« .

Le colonel Mamady Doumbouya,  réaffirmait en février de cette année qu’il quittera le pouvoir à l’issue de la transition fin 2024, lors du lancement de la rédaction de la nouvelle Constitution, un an et demi après le coup d’Etat qui a renversé le président Alpha Condé.

‘’Nous allons organiser bien sûr la transition mais nous ne ferons pas partie de l’après-transition. Pour nous, c’est clair et ça doit l’être’’, a-t-il assuré à l’ouverture d’un colloque organisé au Palais du peuple à Conakry, siège du Parlement de transition.

Après sa rédaction, ‘’c’est le peuple de Guinée dans son entièreté qui adoptera la Constitution par référendum’’, a précisé le chef de la junte guinéenne. Il est ‘’important que la Constitution ne soit pas faite sur mesure pour un parti politique ou une personne politique parce que nous-mêmes, nous ne ferons pas partie de la mesure’’, a-t-il ajouté devant des membres du Parlement de transition et des magistrats guinéens et étrangers.

Le processus de rédaction de la nouvelle Constitution doit prendre fin avant la fin de l’année 2023, ont indiqué des magistrats.

V. A.