Le gouvernement mis en place par la junte en Guinée a conclu vendredi 29 avril un Forum politique contesté en annonçant avoir reçu des « propositions » pour un calendrier de transition politique « allant de 18 à 52 mois ».
Après le putsch militaire du 5 septembre 2021 ayant porté à la tête de l’Etat le colonel Mamady Doumbouya, Conakry est sous la pression de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) pour restituer le pouvoir à des civils élus le plus rapidement possible. Fin mars, la Cédéao avait sommé Conakry de lui présenter « au plus tard le 25 avril » un calendrier de transition « acceptable », sous peine d’une extension des sanctions économiques décidées contre le pays après le coup d’Etat et le refus manifeste de la junte d’organiser rapidement des élections.
Mais celle-ci a laissé passer l’échéance et, selon un communiqué de la Cédéao publié mercredi dernier, Conakry a demandé à « avoir davantage de temps par rapport à l’échéance du 25 avril », afin de « permettre la poursuite des consultations ». Les autorités issues du coup d’état ayant renversé le président Alpha Condé ont lancé depuis mars deux consultations politiques – une Conférence dite de réconciliation et « un cadre de concertation inclusif » – toutes deux boudées par un grand nombre de partis politiques.
En clôturant le « cadre de concertation inclusif », le ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation, Mory Condé, a déclaré que l' »ensemble des acteurs » ayant accepté d’y participé avaient « proposé des durées allant de 18 à 52 mois » pour la transition, sans préciser à partir de quelle date.
« La durée et le chronogramme de la transition seront définis de commun accord entre le CNRD [le Comité national du rassemblement et du développement, l’organe dirigeant de la junte] et les acteurs des forces vives », a-t-il ajouté. Mais Rafiou Sow, porte-parole de l’Alliance nationale pour l’alternance et la démocratie (Anad) et du G58, deux importantes coalitions politiques, a déclaré à l’AFP que « le cadre de concertation […] ne nous concerne pas, les conclusions de ce cadre de concertation ne nous engagent pas […] ce cadre de concertation n’est pas valable, il n’est pas national ».
M. Sow a réclamé au contraire la mise en place d’un « cadre de dialogue permanent » incluant « un facilitateur désigné par la communauté internationale », faute de quoi les partis qu’il représente seront « obligés d’user de manifestations pacifiques pour [se] faire entendre ».