Etudiants étrangers en France: Plus d’inscrits et une hausse des frais limitée cette année 2019-2020

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La décision du gouvernement d'augmenter les frais d'inscription pour la rentrée 2019 avait suscité des manifestations d'étudiants lors de l'année universitaire 2018-2019.

La France accueille pour la rentrée un peu plus d’étudiants étrangers hors Union européenne que l’an dernier, en dépit des craintes suscitées par la hausse de leurs frais d’inscription, qui n’a été appliquée que marginalement par les universités. 

« Le nombre d’étudiants internationaux inscrits cette année dans les établissements a augmenté, d’un peu plus de 2% », a déclaré la ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal dimanche 08 septembre 2019. Et ce, alors que le gouvernement avait annoncé en novembre dernier une hausse des frais pour les étudiants extra-européens, qui faisait craindre à ses opposants une diminution des candidatures et l’instauration d’un « mur de l’argent » frappant les moins fortunés. Il faut dire que seule une poignée d’universités ont décidé de mettre en place dès la rentrée cette hausse qui porte à 2.770 euros les frais d’inscription en licence et 3.770 euros en master, contre respectivement 170 euros et 243 euros pour les jeunes Européens. Après un mouvement de contestation, le gouvernement a décidé d’épargner les doctorants d’une augmentation des frais de scolarité.

Selon le ministère de l’Enseignement supérieur, sept universités sur 73 ont mis en place la réforme à la rentrée. Les autres ont décidé d’utiliser en faveur des étudiants extra-communautaires une possibilité réglementaire qui permet d’exonérer de droits jusqu’à 10% de leurs effectifs. Mais l’année en cours « va être décisive », a reconnu la semaine dernière Gilles Roussel, le président de la conférence des présidents d’université (CPU). Car de nombreuses facs ne pourront pas exonérer une deuxième année de suite la totalité de leurs étudiants extra-européens. C’est notamment pour cette raison que l’université de Lille a appliqué la hausse dès cette année. Sinon, « c’est un peu une bombe à retardement », estime François-Olivier Seys, vice-président relations internationales. Son université a fait le choix d’exonérer de droits d’inscription les étudiants arrivant en master, pour ne pas se couper potentiellement d’un futur vivier de chercheurs.

– « Mesure paradoxale » –

Les inscriptions ne sont pas encore terminées mais il s’attend cette année à « une légère baisse » des effectifs. « Il est possible que la hausse des frais d’inscription ait dissuadé un certain nombre d’étudiants de venir chez nous », admet-il. Il parie sur un regain d’attractivité dans quelques années. « C’est ce qui s’est passé dans les pays scandinaves ou en Espagne, qui ont mis en place le même genre de réformes », fait-il valoir. En même temps que la hausse des frais d’inscription, le gouvernement avait annoncé l’an dernier une politique de visas améliorée et davantage de bourses. Un label sera attribué aux établissements remplissant certaines conditions d’accueil et l’accès au logement étudiant doit être facilité. Rennes 1 fait aussi partie des rares universités à avoir mis en place une hausse des droits d’inscription dès cette année, tout en ayant instauré des « tarifs intermédiaires » pour un certain nombre d’étudiants (en fonction du dossier scolaire ou du pays d’origine).

« J’espère dégager au bout du compte 150.000 à 200.000 euros de recettes par an, ce qui permettra de pérenniser des actions en faveur de l’accueil des étudiants », explique le vice-président en charge des relations internationales, Pierre van de Weghe. Parmi les projets de l’établissement: un « guichet unique » des aides au logement, un accompagnement des étudiants étrangers dans leurs démarches administratives, des cours de renforcement de langue française… Comme la plupart des universités, à Strasbourg on a voulu à l’inverse « se donner le temps de réfléchir » à la mise en place d’une mesure « qui peut sembler paradoxale » puisqu’on espère attirer davantage d’étudiants en les faisant payer plus cher, comme le souligne son président, Michel Deneken. En attendant, il s’attend à une baisse des inscriptions cette année dans son université, malgré la stabilité des frais d’inscription. Une diminution qu’il attribue à « une grande incertitude » pour les étudiants étrangers l’an dernier.

La France accueille pour la rentrée un peu plus d’étudiants étrangers hors Union européenne que l’an dernier, en dépit des craintes suscitées par la hausse de leurs frais d’inscription.