Egypte : La démocratie agonise sous un tonnerre d’applaudissements

Afriquinfos Editeur
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L’Egypte a plongé dans le chaos. L’affrontement a déjà commencé, et les enjeux ne pourraient être plus élevés. En ne répondant pas à l’ultimatum lancé par les forces armées qui a été accueilli très favorablement par la population, le chef d’Etat Mohamed Morsi a joué un coup supplémentaire, refusant de se plier aux pressions qui pèsent sur lui pour le déloger de son poste.

« L’Etat démocratique égyptien civil est une des plus importantes réalisations de la révolution du 25 janvier 2011 » clame le communiqué du gouvernement. « L’Egypte ne permettra absolument aucun retour en arrière quelles que soient les circonstances ».

Pourtant, nombreux sont ceux en Egypte qui considèrent que le président « n’est plus légitime », comme l’affirme notamment Khaled Dawloud, porte-parole du Front du salut national (FSN), coalition derrière laquelle se rangent des libéraux et des personnalités de gauche. Pour Juan Cole, professeur d’histoire à l’université du Michigan, Morsi est « l’équivalent du Tea Party américain en Egypte : gagné à la cause de la droite religieuse, pétri d’austérité, dédaigneux des travailleurs et de la gauche politique ».

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La situation n’est pourtant pas un simple jeu d’échecs aux camps biens définis, où le gentil affronte le méchant. Aussi controversé que soit Mohamed Morsi, il n’en reste pas moins qu’il a été élu démocratiquement, ce qui rend son possible renversement très problématique. Le journaliste Patrick Galew, dans un article intitulé « The Day the Revolution Died », met en garde contre le danger qui plane sur l’Egypte : « Je viens de découvrir une vérité aussi simple que terrifiante : beaucoup préféreraient voir une junte militaire régner avec autocratie et impunité plutôt qu’un gouvernement démocratique diriger avec incompétence. »

L’Egypte est effectivement à un tournant décisif où tout est encore possible. Les affrontements entre civils dans toutes les villes du pays ont fait pas moins de 16 morts ce weekend, et rien n’indique que le chaos qui gronde est sur le point de s’apaiser. Mais parmi toutes ces victimes risque fort de figurer la Démocratie elle-même, gain énorme de la révolution de 2011, et pourtant si fragile…