Deux mois de délestage au Togo: Premières explications de l’Etat et promesses fermes de solutions durables

Afriquinfos Editeur
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Lomé (© 2024 Afriquinfos)- Depuis la mi-février 2024, le Togo est confronté à une crise énergétique marquée notamment par des coupures intempestives d’électricité. Cette situation n’est que la résultante de fluctuations inattendues dans l’approvisionnement en gaz naturel qui est le principal combustible utilisé par les unités de production nationale, a officiellement indiqué l’exécutif togolais lors du conseil des ministres ce 9 avril 2024.

Notre pays, à l’instar de ses voisins de la région connaît d’importantes perturbations dans la distribution de l’électricité, conséquences de fluctuations inattendues dans l’approvisionnement en gaz naturel qui est le principal combustible utilisé par les unités de production nationale’’, a laissé entendre la ministre déléguée auprès du Président de la République chargée de l’Énergie et des Mines, et Présidente du Comité des Ministres du GAO (Gazoduc de l’Afrique de l’Ouest, Mila Aziablé, lors de sa communication.

‘’En attendant, et pour répondre à l’urgence de rétablir pour les consommateurs une fourniture suffisante en énergie électrique pour la demande nationale, un ensemble de mesures exceptionnelles sont prises pour garantir le fonctionnement des grandes unités de production nationales, activer la production des petites unités et augmenter les importations du Nigéria’’, a en outre fait observer la ministre.

D’après Madame Mila Aziablé, ces mesures ont permis une normalisation sensible de la situation de la fourniture d’électricité depuis le 29 mars 2024.

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Par ailleurs, le Président de la République a instruit le gouvernement de prendre toutes les dispositions requises pour assurer la pérennité des solutions ainsi trouvées et poursuivre les réflexions en vue de la résolution définitive et durable des difficultés d’approvisionnement en combustibles pour la fourniture de l’électricité aux ménages et aux entreprises sur toute l’étendue du territoire.

« La demande en gaz naturel au Togo est de 35.000 MM BTU/jour, mais les fournitures sont insuffisantes voire inexistantes par moments, ce qui se traduit par des coûts de production élevés et des coupures fréquentes, » a-t-elle expliqué à la faveur d’une réunion à Lomé du Comité des ministres du GAO. Cette situation, qui survient pendant une période de pic de chaleur, ne touche pas uniquement le Togo mais s’étend aussi aux pays voisins tels que le Bénin et le Ghana.

“Le GNL est un produit du gaz naturel. Dans le cas présent, c’est le Nigeria qui alimente en gaz le Bénin, le Togo et le Ghana via le gazoduc de la WAPCo depuis 2010. Malheureusement, ils font face à de gros défis d’acheminement ces temps-ci. Il y a même récemment eu des travaux de maintenance,” indique Olivier de Souza, spécialiste des hydrocarbures.

Selon la même source, “l’organisme nigérian N-Gas, qui agrège les volumes de gaz pour la WAPCo, n’arrive pas toujours à réunir les volumes nécessaires pour satisfaire la demande dans les pays traversés par le gazoduc ouest-africain.” Et de poursuivre: “C’est un manquement contractuel qui dure depuis Mathusalem, mais tout le monde fait avec. L’ironie de l’histoire est que le Nigeria lui-même se sert parfois des volumes destinés à ses voisins, vu que sa production d’électricité n’arrive pas à satisfaire la demande.”

En dépit de ces difficultés récurrentes, les États de la CEDEAO continuent de miser sur le GAO. en 2018, avec la Guinée Équatoriale, important producteur de GNL.

 Les pays concernés se concertent

Le mardi 02 Avril 2024, le Comité des Ministres de l’Autorité du Gazoduc de l’Afrique de l’Ouest s’est réuni à Lomé pour une session extraordinaire. La réunion, présidée par Mila Aziablé, et avait pour thème « Quelles stratégies d’approvisionnement en gaz pour combler le déficit énergétique actuel de la sous-région »? L’objectif était de mettre en place de nouvelles stratégies et solutions durables pour remédier à ce déficit énergétique. Des représentants des secteurs de l’énergie du Nigéria, du Ghana, du Bénin et du Togo, ainsi que des personnalités de la CEDEAO et du WAPCo ont participé à cette session en réponse à la crise d’approvisionnement en gaz naturel que connaît le GAO.

En réponse à cette crise, le Conseil des Ministres de l’énergie des quatre pays a demandé des mesures urgentes pour augmenter l’approvisionnement en gaz du Nigeria, et a sollicité un plan d’amélioration de la livraison de gaz de la part de WAPCo.

La diversification des sources d’énergie apparaît comme une solution viable, mais elle nécessite des investissements substantiels en infrastructure, un processus qui pourrait s’avérer long. En effet, le projet GAO a lui-même nécessité plus de 28 ans pour passer de l’annonce à la concrétisation, et d’autres initiatives similaires ont connu des délais comparables. Ou ne sont toujours pas entrées en service.

Vignikpo Akpéné