La coopération avec la Chine est un modèle de transparence, selon les responsables tchadiens

Afriquinfos Editeur
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"Le Tchad a besoin de beaucoup de moyens pour aller de l'avant", déclare Gata Ngoulou, ministre délégué à la Présidence de la République du Tchad chargé des Infrastructures et des équipements. Le pays sahélien, dont le produit intérieur brut (PIB) est passé de 1.000 milliards F CFA en 2010 à 5.000 milliards F CFA l'année dernière, a triplé ses dépenses publiques, de 300 milliards F CFA en 2010 à 1.000 milliards F CFA en 2011.

Ainsi, l'accord-cadre signé le mois dernier portant sur un crédit de 1.040 milliards F CFA (environ 2 milliards USD) par la Chine à travers Export-Import Bank (Exim Bank), permettra au Tchad de financer des projets viables, bancables et convaincants dans les domaines des infrastructures, agricoles et énergétiques,  affirme le ministre des Infrastructures et des Equipements.

 Sur le plan des infrastructures, il est prévu la construction de 292 km de route entre Abéché, Biltine et Iriba (trois villes de l'Est frontalier avec le Soudan); 135 km de route entre Kélo, Pala et Léré (au Sud-ouest vers le Cameroun), ainsi qu'un deuxième pont à double voie long de 900 m sur le fleuve Chari, au niveau de la capitale. Sur le plan énergétique, il est prévu la construction d'une centrale de gaz à Sédigui, dans la région du Lac. "Avec la capacité du bassin pétrolier de cette localité, la centrale pourra produire 2.000 barils de pétrole par jour pendant 17 ans; ce qui permettra ainsi de combler le déficit en fourniture électrique des villes de N'Djaména, Bol, Moussoro et Mao", explique Mahamat Kasser, directeur général de la Société tchadienne des hydrocarbures (SHT).

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Sur le plan agricole, 20.000 ha hydroagricoles seront aménagés: 10.000 ha au Lac Tchad, 5.000 au Lac Fitri, au centre du pays, et 5.000 ha au Salamat, dans le sud-est frontalier avec la République Centrafricaine et le Soudan.

Ces aménagements seront sous-tendus par un chaînage, des canaux d'irrigation, ainsi qu'un réseau de drainage des eaux souterraines. Plusieurs localités du pays bénéficieront directement de ce vaste projet agricole, en particulier les régions sahéliennes du Batha, Lac, Kanem, Bahr-el-Ghazal et Hadjer Lamis, toutes touchées par une crise alimentaire aiguë, selon les résultats de l'enquête du Programme alimentaire mondial (PAM) sur la sécurité alimentaire des ménages publié en février 2012. Selon Djikoloum Miaoudou, Coordonnateur général adjoint chargé des négociations et du suivi des projets avec la République populaire de Chine, 34 entreprises chinoises ont répondu, la semaine dernière, à l'invitation du gouvernement tchadien pour la réalisation des projets de développement d'infrastructures, d'aménagements hydroagricoles et énergétiques. "Les entreprises candidates ont seulement un mois, à compter du 25 juin 2012, pour soumissionner aux appels d'offres", informe-t-il.

M. Djikoloum Miaoudou ajoute que les entreprises chinoises attributaires des marchés seront tenues de consacrer 30% du coût total de chaque marché aux entreprises nationales par le biais de la sous-traitance obligatoire.

"C'est une décision historique", se réjouissent les opérateurs économiques tchadiens. "Ce geste, accompagné de mesures nouvelles pour garantir la transparence la plus complète dans l'attribution des marchés par un meilleur développement du secteur privé et, par conséquent, de l'emploi au Tchad, est une nouvelle preuve des hautes autorités de notre pays de bâtir un Tchad moderne et économiquement prospère", affirme M. Souradj Koulamallah, président de la Chambre de commerce, d'industrie, d'agriculture, des mines et d'artisanat (CCIAMA).

"Il n'y a aucune aliénation. Le Tchad et la Chine sont dans un rapport de commerce international. Il ne s'agit pas aussi d'hypothéquer nos ressources", renchérit M. Hassan Borgo, Coordinateur général chargé des négociations et du suivi des projets avec la Chine. "Le financement de ces projets s'effectue dans un modèle de transparence", souligne le ministre des Infrastructures et des équipements. Le remboursement de l'emprunt à Exim Bank de Chine se fera à travers la vente du pétrole à des sociétés chinoises.

"L'excédent du pétrole des champs des Rôniers (exploités par la China National Petroleum Corporation International Ltd, CNPCI, Ndlr) sera exporté à travers le pipeline de Doba, jusqu'à Kribi, au Cameroun, et vendu aux opérateurs économiques chinois au prix du marché international", précise-t-il.

 A l'issue de l'opération de vente, la marge destinée au remboursement du crédit, suivant le délai retenu, restera dans les comptes d'Exim Bank de Chine. Mais tout ce qui est excédent reviendra d'office au Tchad, ajoute M. Gata Ngoulou. Par ailleurs, le ministre se réjouit que le Tchad vit, depuis un an, une paix précaire et est devenu un pays fréquentable qui attire une valse d'investisseurs. "Tous les indicateurs s'orientent vers un bon niveau", affirme-t-il, ajoutant que parmi ces partenaires, "les relations entre le Tchad et la République populaire de Chine sont suffisamment avancées et visibles". Avant de conclure que la coopération avec la Chine est un partenariat gagnant-gagnant que le Tchad souhaite voir se développer avec les autres pays frères et amis.