Chine/Foire de Canton : Le "Made in China" ne cesse d’attirer les commerçants africains

Afriquinfos Editeur
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Les produits chinois résistent à la crise économique mondiale grâce à leur attrait particulier.

"Je viens ici pour trouver des produits compétitifs", explique M. Chisora. Ce jeune Zimbabwéen, âgé d'une vingtaine d'années, souhaite acheter des produits à la fois bon marché et de bonne qualité pour son imprimerie. D'après lui, son pays souffre d'un manque de diversité dans les produits offerts. Il a également confiance en la qualité des produits chinois.

Etant la plus grande et la plus ancienne foire de Chine, la Foire de Canton attire chaque année près de 200.000 acheteurs étrangers et est considérée comme un indicateur du commerce extérieur de la Chine. La 112e édition de la foire a vu la participation de 9.000 commerçants africains, soit 10% du nombre total des acheteurs étrangers. Les hommes d'affaires chinois ont chaleureusement accueilli leurs confrères africains, qui représentent à leurs yeux une opportunité de compenser les pertes occasionnées par la crise de la dette européenne.

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 Malgré l'impact de la crise économique mondiale sur l'économie chinoise, le commerce sino-africain continue de croître de manière stable. Selon les statistiques des douanes, le volume du commerce entre la Chine et l'Afrique a atteint 166.300 millions de dollars en 2011, soit une augmentation de 31% par rapport à 2010. Un bilan publié en avril 2012 montre que les investissements directs chinois cumulés en Afrique ont décuplé par rapport à il y a dix ans et ont totalisé 15.300 millions de dollars.

La Chine est depuis trois ans le premier partenaire commercial de l'Afrique. L'intérêt massif des commerçants africains s'explique par la compétitivité des prix chinois.

Mme Cordelia, une femme d'affaires nigérienne, demande le prix de chaque parapluie à un stand de produits imperméables. C'est la quatrième fois qu'elle vient en Chine pour acheter des parapluies et des produits en aluminium à la foire de Canton."Nous prenons en compte non seulement la qualité des produits, mais aussi les prix. C'est pour cela qu'on vient en Chine", indique-t-elle. Depuis 2004, Abdou Lazine se rend deux fois par an en Chine. "Surtout pour la foire", ajoute ce Burkinabé de 46 ans. A chaque stand, il compare les prix des produits, prend des notes, demande les catalogues et les cartes de visite.

"Certains disent que les produits chinois sont de mauvaise qualité. Mais moi, je n'ai jamais rencontré ce genre de problème", dit-t-il avec une certaine fierté. Son atout, d'après lui, est qu'il se "rend sur place". Qingdao, Hangzhou, Ningbo, Foshan, Fuzhou… Il cite les villes chinoises où il a visité des usines et examiné les produits avant de passer chaque commande.

Le bon développement du commerce sino-africain s'est caractérisé par l'influence croissante de la foire et l'amélioration de la qualité des produits. Abdou Lazine se rappelle qu'en 2004, peu de participants chinois étaient capables de lui parler en anglais. "Nous étions obligés de communiquer avec une calculette, en langue universelle des chiffres", se souvient-il.

Par rapport à il y a neuf ans, la structure du commerce sino-africain s'est améliorée, en dépit d'un déséquilibre partiel. Les statistiques officielles montrent que 57% des produits chinois exportés vers l'Afrique sont des produits électroniques et de haute technologie, tandis que l'Afrique exporte vers la Chine principalement des matières premières, dont du pétrole, des minerais de fer et du coton. Afin de réduire le déséquilibre commercial entre la Chine et l'Afrique, le gouvernement chinois a décidé de baisser, pour une durée de trois ans, de 95% les droits de douane sur les produits importés des pays africains les plus défavorisés. La Chine encourage l'établissement de centres d'exposition des produits africains dans le pays et projette de coopérer avec plusieurs pays africains pour accorder des prêts aux PME africaines. La Chine encourage en outre les entreprises chinoises à investir, à créer des entreprises et à contribuer à la création d'emplois en Afrique.

Abdou Lazine détient aujourd'hui trois magasins de produits chinois et emploie 30 employés dans la capitale de son pays. Père de quatre enfants et frère de cinq sœurs, M. Lazine a réussi à améliorer le niveau de vie de sa famille grâce à son commerce avec la Chine.

 Malgré la compétitivité des prix des produits fabriqués dans les pays d'Asie du Sud-Est, M. Lazine n'a pas l'intention d'abandonner le "Made in China". "La Chine est le terrain de jeu de tout le monde, que tu sois Européen ou Africain. Tout le monde y trouve les produits dont il a besoin. Et ici les choses et les idées nouvelles ne manquent jamais", a-t-il estimé.