Burkina Faso/Elections : Le parti au pouvoir dans une zone de turbulences

Afriquinfos Editeur
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Des bonzes du parti menacés par des populations en majorité jeunes, des marches de protestation pour contester telle désignation de responsables de partis, des affrontements suivis de violences entre des groupes pour refuser une candidature d'anciens députés, tels sont les actes au quotidien posés par les militants membres du parti au pouvoir.

Presque tous ceux qui ont cumulé les mandats électifs ou encore ceux qui ont occupé pendant très longtemps des postes de responsabilité ne sont plus en odeur de sainteté avec les populations qui crient au changement et à l'alternance.

Pour preuve. Une députée, Saran Sérémé du Sourou (Centre Ouest) qui a passé deux mandats à l'hémicycle et qui veut rebeloter, a vu sa villa incendiée à Tougan par des militants du CDP qui s'opposent à sa candidature.

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 Des classements de candidats à candidature opérés par les comités de base font aussi l'objet de contestation puisque les militants trouvent que leur choix ne peut pas être remis en cause par le secrétariat exécutif du parti. Visiblement remontés, les militants protestataires estiment que les anciens devenus très riches ont montré leurs limites puisqu'ils ont passé deux, trois ou quatre mandats et qu'il faut maintenant céder la place aux jeunes afin que ces derniers fassent leurs preuves.

Le 13 septembre 2012, des militants se sont affrontés faisant des blessés puisqu'un groupe d'entre eux conteste la candidature du maire de Tenado, province du Sanguié (Centre Ouest). Cette atmosphère délétère au sein du méga-parti a obligé le secrétaire exécutif du CDP, Assimi Kouanda a appelé le week-end dernier, à l'issue de la 47e assemblée générale ordinaire du parti, les militants à "rester calmes et sereins" et à "continuer le travail de mobilisation", car un comité d'étude est en train de s'atteler à l'établissement des listes définitives. Cet appel du secrétaire exécutif national du CDP, rappelle-t-on, fait suite aux contestations, aux violences dans plusieurs localités du pays, des candidats à la candidature du parti aux élections couplées de décembre 2012. Il faut alors attendre d'abord l'examen des dossiers de candidature par l'administration du parti, ensuite le quitus du comité d'étude en vue de la décision finale du secrétariat exécutif national.

Le mode de désignation des candidats à candidature a engendré une tension sociale et installé un climat de méfiance entre les populations. Cette montée de tension fait craindre les observateurs qui pensent que la cohésion au sein du méga-parti à la veille des élections couplées de décembre 2012, sera ébranlée. Ces mêmes observateurs se demandent si cette cacophonie au sein du CDP ne fragiliserait pas le parti, puisque les mécontents pour la plupart risquent de rejoindre des partis d'opposition pour se faire valoir.

 La date limite du dépôt des listes des candidats pour les élections couplées de décembre 2012 à la Commission électorale nationale indépendante (CENI) est prévue pour le 23 septembre 2012. Alors qu'aujourd'hui, le parti au pouvoir qui est pris à la gorge, n'a pas encore réussi à déposer ces listes. Les observateurs craignent par ailleurs que le dépôt à la dernière minute des listes des candidats à la députation suivi de la publication de la liste des candidats par la CENI ne soit le point de départ de la discorde et même d'une scission au sein du parti au pouvoir. Alors que les campagnes politiques en vue des élections municipales et législatives couplées, sont prévues du 17 novembre au 30 novembre 2012 au Burkina.

 L'ouverture de la campagne électorale pour l'élection des conseillers municipaux est prévue le samedi 17 novembre 2012 à zéro heure jusqu'au vendredi 30 novembre 2012 à vingt-quatre heures. La campagne électorale pour l'élection des députés à l'Assemblée nationale est prévue à la même période. Ces élections couplées organisées pour la première fois au Burkina Faso, se tiendront le 2 décembre prochain. Les campagnes politiques donnent l'occasion aux candidats et aux partis en compétition de convaincre les électeurs sur des bases légales et républicaines. Les dépenses liées aux campagnes politiques ne sont pas encore limitées.