Burkina Faso/Côte d’ivoire: Embrouillamini autour de Guillaume Soro et de Djibril Bassolé dans le putsch avorté de Diendéré

Afriquinfos Editeur
4 Min de Lecture

L’affaire a fait grand bruit la semaine dernière lorsque le 12 novembre, l’enregistrement d’un appel téléphonique de seize minutes et 32 secondes a été publié sur les réseaux sociaux.

Dans ce document sonore, la conversation téléphonique qu’on entend est présentée comme celle de Guillaume Soro, ancien chef de la rébellion ivoirienne soutenue par l’ex-président burkinabè Blaise Compaoré, et de Djibril Bassolé, ancien ministre des Affaires étrangères de Compaoré, actuellement détenu pour haute trahison suite au coup d’Etat raté de Gilbert Diendéré.

Selon cet enregistrement, les deux hommes évoquent la possibilité de soutenir le putsch en cours. La voix présentée comme celle de Guillaume Soro propose ainsi de financer les putschistes et de faire tuer deux personnalités burkinabè: Cheriff Sy, président du Conseil national de Transition et Salif Diallo, ex-ministre de Compaoré passé dans l’opposition.

- Advertisement -

 «On frappe dans une ville, en haut quelque part là-bas. On récupère un commissariat, une gendarmerie… Eux, ils vont fuir, ils ne peuvent pas résister, et comme on me dit que l’armée est autour de Ouagadougou, l’armée va vouloir se réorganiser pour aller vers là-bas…», expliquerait Guillaume Soro, tandis que Djibril Bassolé acquiescerait par de simples «hein, hein».

Proposition de financement, rémunération des militaires, stratégie à adopter au cas où ce plan réussit, mais aussi menaces de morts envers deux personnages majeurs de la transition étaient au cœur de cette conversation téléphonique… Très vite, l’enregistrement a circulé, faisant couler beaucoup d’encre et de salive.

Puis deux jours plus tard, un deuxième document d’un peu plus d’une minute a été publié ! On y reconnaît les mêmes voix mais le contenu de la conversation diffère du premier. Toutefois le message est resté le même, en substance: veiller à tout prix à la réussite du coup d’Etat.

Manipulation orchestrée

La réaction de Soro ne s’est pas faite attendre. L’intéressé a riposté en publiant   plusieurs tweets et en présentant une seconde bande audio, brandie comme extraite de la véritable conversation. Selon les avocats de Guillaume Soro, il y a bien eu une conversation téléphonique entre les deux hommes, mais celle-ci n’aurait duré que 4 minutes. Lors de cet échange, Guillaume Soro aurait simplement proposé une aide financière à Djibril Bassolé pour se retirer du Burkina, suite au gel de ses avoirs.

Pour l’entourage de Soro, les choses sont claires: c’est un montage que des experts vont bientôt dénoncer. «L’enregistrement rendu public en fin de semaine dernière par des canaux inattendus est formellement contesté par M. Bassolé», a souligné de son côté Me Alexandre Varaut, conseil de M. Bassolé. «C’est une hypothèse totalement ridicule d’imaginer qu’il ait pu avoir une conversation de cette nature avec M. Soro», a soutenu l’avocat.

De leur côté, les autorités burkinabè n’ont pas réagi mais déjà, plusieurs voix s’élèvent sur les réseaux sociaux pour demander l’authentification des enregistrements publiés.

                                                    Larissa AGBENOU