Burkina Faso : 15% de perte de production agricole au liée à la sécheresse

Afriquinfos Editeur
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Par Raphaël MVOGO

Dans un entretien à Xinhua en marge du 22e Forum économique mondial sur l'Afrique organisé jeudi et vendredi à Addis Abeba en Ethiopie par le World Economic Forum sous le thème "façonner la transformation de l'Afrique", Sedogo a fait état d'un budget d' environ 500 milliards de francs CFA (1 milliard USD) alloué pour des solutions à la question de l'eau et la gestion durable des terres.

Question : Comment se décline le programme d'investissement agricole élaboré par le gouvernement burkinabè en marge de son nouveau cadre stratégique pour le développement présenté récemment aux bailleurs de fonds internationaux à Paris en France?

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Réponse : Ce programme d'investissement agricole vise surtout à créer les fondamentaux pour nous permettre de plus en plus, premièrement de renforcer le capital productif de la terre. Nous sommes dans un climat sahélien, le contexte écologique est extrêmement difficile. Donc, nous devons inscrire l'agriculture dans un contexte où nous maîtrisons au maximum possible les aléas naturels, naturellement la question de l'eau et la question de la gestion durable des terres. Dans le cadre de ce programme d’investissement, qui fait environ 1.230 milliards de francs CFA, nous avons près de 500 milliards qui sont consacrés à ces questions-là, pour faire en sorte que nous ne perdions plus nos récoltes, parce qu'il nous a manqué de pluies.

Q : Quelle est l'incidence des difficultés liées à l'accès à l’eau sur les récoltes ?

R : Cette année par exemple, le Sahel traverse une année extrêmement difficile en matière de sécurité alimentaire. En matière de pluies, nous avons eu pratiquement les mêmes quantités que les autres années. Mais qualitativement du point de vue de la répartition, nous avons eu beaucoup de poches de sécheresse et ça fait que, à cause de cela, nous avons eu cette année un déficit de 19% par rapport à la campagne écoulée et quand on compare à la moyenne des cinq dernières années, nous avons perdu près de 15% de notre production pour l'ensemble de la production.

Q : Quel est le rendement en ce qui concerne le coton en particulier dont le Burkina est un grand producteur en Afrique?

R : Pour le coton, nous avions planifié une production de près de 600.000 tonnes, mais nous nous sommes retrouvés à environ 350. 000 tonnes. Voilà ce que nous a coûté justement la non-maîtrise de l'eau pour assurer la campagne agricole. C'est pourquoi à partir de cette année résolument le gouvernement et les plus hautes autorités en tête ont dit que désormais les producteurs mettent dans le calendrier cultural, dans les itinéraires techniques, la question de maîtriser l'eau, créer des impluviums, prendre l'eau quand il y une sécheresse et l'amener aux cultures en attendant que la nature fasse son travail. C'est vraiment pour nous une question cruciale et essentielle sur laquelle nous devons travailler dans les deux-trois prochaines années.

Q : Votre part du budget de l'Etat allouée à l'agriculture reste-t-elle maintenue au-dessus de la prescription de 10% de l’Union africaine?

R : Cela fait presque cinq ans déjà que sommes à 13-14% de notre budget et nous avons même l'intention d'augmenter encore cela, parce que comme je l'ai dit, dans notre nouveau cadre stratégique de croissance et de développement, l'agriculture est le moteur de cette croissance. Et il est demandé à l'agriculture d’avoir une croissance de plus de 10% ; elle doit se situer autour de 14% pour espérer permettre à notre économie d'avoir une croissance annuelle d'environ 10%. Chez nous, quand l'agriculture éternue comme cette année, c'est toute l'économie qui s'enrhume. Je suis heureux d'annoncer que dans le budget 2012 nous avoisinons, toutes les branches de l'agriculture confondues, les 16% de part de notre budget dans lequel la question de la maîtrise de l'eau et de la gestion durable des terres occupe une place extrêmement importante, pratiquement plus de 70%.