Les fondements de la pauvreté de Madagascar

Afriquinfos Editeur
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Plus de la moitié des 21 millions d'habitants à Madagascar, soit 50,5%, souffrent de malnutrition, selon le PNUD. De l'autre côté, l'Institut National de la Statistique (INSTAT) révèle dans ses dernières enquêtes que près de 70% de la population malgache vivent en dessous du seuil de pauvreté. Environ 7 personnes sur 10 n'ont pas accès à l'eau potable et 4 ménages sur 10 n'ont pas d'installations sanitaires.

D'après le ministre de la Population et des Affaires Sociales de la transition malgache, Nadine Ramaroson, "Madagascar ne devrait pas être pauvre, la réalité c'est qu' une minorité de la population appauvrissent la majorité. Un partage inégal de revenu existe à Madagascar parce que seul 10% de la population détient les 90% de richesses. Les allocations de ressources n' ont pas été convenables dans le pays. Ne serait-ce que la lutte contre les maladies graves comme la bilharziose, la diarrhée, le paludisme, reçoit moins de financement que celle du Sida".

"Par manque d'éducation, de conscientisation et d'informations, les richesses des Malgaches les rendent pauvres. La croissance économique n'a pas eu d'impact sur le niveau de vie de la majorité de la population. Il n'y aura pas d'amélioration du niveau de vie que lorsque le niveau général de l'emploi augmente et que la distribution du revenu soit égalitaire", a dit Nadine Ramaroson.

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Madagascar a 50 millions d'hectares de terre cultivable, mais les Malgaches n'ont exploité que 2 millions hectares. L'insécurité qui règne sur tout le territoire s'ajoute à cette pauvreté. La ministre a fait savoir qu'un gendarme assure la sécurité d'une espace de 50 Km² tandis qu'un policier garde 3.000 personnes, d'où l'insécurité et la délinquance juvénile dans la grande île.

L'expert en droit contentieux international, Omar Abderman Ramadany, a indiqué que "la pauvreté à Madagascar est causée par la mauvaise répartition des ressources. Les bénéfices des exploitations des ressources de Madagascar ne sont pas partagés comme il faut. Un exemple concret est le trafic illicite de bois de rose, dont les bénéficiaires sont les opérateurs minoritaires".

Le journaliste analyste de la vie socio-économique de Madagascar, Erika Cologon, a expliqué que "Madagascar a sûrement un problème technique et stratégique car on n'exploite pas comme il le faut, on ne crée pas. On ne transforme pas. Et les calculs des politiques économiques, de développement en interne ne servent pas suffisamment à l'intérêt économique collectif".

"Madagascar est pauvre parce que les dirigeants du pays n' ont pas su mettre en exergue la richesse intellectuelle du pays. Nous avons le professeur Raoelina Andriambololona, qui est un grand physicien spécialiste du nucléaire, connu dans le monde ainsi que le professeur Raymond Ranjeva, qui était vice-président de la Cour internationale de Justice, mais on ne leur donne pas l'opportunité de travailler pour le bien du pays", a affirmé Harimanana Raniriharinosy, expert en sciences politique.

Le Dr Andry Raharison, qui a beaucoup travaillé sur la pratique du subconscient, a expliqué que "la pauvreté des Malgaches vient de la mentalité des Malgaches qui est focalisée sur cette pauvreté. Les Malgaches doivent changer cette pensée négative en pensée positive pour le développement du pays".

L'absence de politique économique et de stratégie a causé la régression économique de Madagascar, réagit le Dr. Hugues Rajaonson, expert en économie de l'environnement, politique économique et financière. "Madagascar n'a jamais eu de document de politique économique, mais seulement quelques documents initiés par la Banque Mondiale et le FMI sur la réduction de la pauvreté. Les dirigeants qui se sont succédés n'ont jamais essayé de mettre en place un système de production à objectif industriel".

"Madagascar possède de potentiels énergétiques qu'on n'a jamais exploités. On a beaucoup de fleuves qui peuvent donner jusqu' à 20 à 30 gigawatts. On n'a jamais donné l'occasion aux industries de se développer. Les taux d'intérêt des banques sont très élevés qui n'incitent pas les entreprises malgaches à faire des investissements. Le système économique et financier ne permet pas aux secteurs privés de se développer. La productivité médiocre dans le secteur agricole, la baisse des prix des produits agricoles par rapport aux prix des produits industriels, sont à l' origine de la pauvreté des paysans", a-t-il expliqué.

Le "country manager" de la Banque mondiale à Madagascar, Adolfo Brizzi, a souligné que l'absence de connectivité en termes de circulation des biens et des personnes, ainsi qu' en termes d'information, constituent les raisons de la non réussite du développement de la grande île. Parce que la capacité à recevoir et comprendre cette information ainsi que l'accès aux services de la santé, à l'eau potable et à l'énergie reste très faible.

Il a ajouté que le décollage économique de Madagascar est difficile à imaginer sans une gestion opportuniste et rationnelle de sa biodiversité environnementale, ses ressources minières, son potentiel agricole et son réservoir de main d'œuvre.

Madagascar est la quatrième plus grande île du monde après le Groenland, la Nouvelle Guinée et le Bornéo, ayant une superficie est de 587.040 km². Elle possède environ 4.828 km de côtes. La surface maritime totale sous sa juridiction est de 1.225.259 km², incluant la zone économique exclusive (ZEE) et eaux territoriales. La superficie de sa ZEE, incluant ses eaux territoriales et son territoire terrestre, est de 1.812.299 km².