Madagascar : le trafic de bois de rose s’est développé depuis la période de transition

Afriquinfos Editeur
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En septembre 2009, des containers de bois de rose ont été stockés au port de Vohémar, un port dans le nord-est de la grande île pour irrégularité des papiers administratifs.

 Le 31 décembre 2009, le Premier ministre de la transition, Camille Vital, a sorti une note de service autorisant les opérateurs agréés opérant dans le bois de rose et ayant satisfait aux conditions fixées par l'arrêté interministériel du 21 septembre 2009, de procéder à l'envoi de ces containers qui ont été détenus au port de Vohémar.

Cet arrêté ministériel du 21 septembre 2009 avait permis de "régulariser" les stocks de bois de rose détenus par des opérateurs bénéficiant d'un agrément du Ministère de l'Environnement et des Forêts, suite au paiement d'amendes d'un montant de 72 millions d'Ariary par conteneur (1 dollar équivaut à 2.000 Ariary).

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Pourtant, les organisations environnementales ont contesté et critiqué la décision du gouvernement car elles auraient voulu que ces stocks soient détruits, ou du moins qu'ils soient saisis et vendus et le fonds obtenu soit entièrement destiné à la protection des forêts ou au développement rural. De plus, "l'amende de 72 millions d'Ariary par container ne représente au plus que 40% de la valeur des marchandises, et une saisie complète aurait mieux servi les intérêts financiers de l'Etat", selon les environnementaux.

Ainsi, pour empêcher ces malentendus, le 24 mars 2010, le décret numéro 2010-141 portant sur  "l'exploitation, la coupe, le transport, la commercialisation et l'exportation de bois de rose et de bois d'ébène sont interdits. Toutes personnes s'adonnant à la coupe, à l'exploitation et à l'exportation des bois de rose et d'ébène sont passibles de poursuites pénales" a été sorti par la HAT.

Le rapport des participants malgaches à la Conférence des parties sur la biodiversité (COP10) à Nagoya au Japon a indiqué que près de 35.000 tonnes de bois de rose ont sorti du territoire malgache en 2009. Le trafic de bois de rose a engendré une perte de 9 milliards d'Ariary, soit environ 52 millions de dollars à la caisse de l'Etat malgache, lors de l'année 2009.

 Au premier trimestre de l'année 2010, plus de 2.600 conteneurs ont quitté les ports malgaches sans avoir été arrêtés, a indiqué un ingénieur forestier responsable d'une plateforme d'organisations de la société civile œuvrant pour la protection de l'environnement, Ndranto Razakamanarina. D'après le bilan du ministère de l'environnement de la transition publié dans son site internet, 9.000 rondins de bois de roses ont été saisis pendant l'année 2010.

 Les exploitations et exportations illicites se poursuivent. Des tonnes de bois de rose ont été saisies à Antalaha, une localité située sur la côte nord-est de Madagascar. D'autres bois ont été interpellés à Fort-Dauphin, dans le sud-est. A Mahajanga, dans le nord-ouest, plus de 250 conteneurs de bois de palissandre, destinés à l'exportation, sont bloqués au Port depuis décembre 2010.

Vers le début de cette année, un ancien ministre de la HAT a été poursuivi en justice pour escroquerie dans une affaire de bois de rose. Cette semaine, un membre du Congrès de la transition a été placé sous mandat de dépôt à Madagascar pour son implication dans le trafic illicite de six conteneurs de bois de rose saisis à Maurice, il y a quelques semaines.

 Pourtant, selon le dernier rapport du Global Witness et de l'EIA (Environmental Investigation Agency), publié en novembre 2009, le commerce illégal de bois de rose et d'ébènes représente une valeur pouvant atteindre jusqu'à 460.000 dollars par jour. Un manque à gagner pour l'Etat malgache car seule une petite partie rentre dans sa caisse.

Notons que Madagascar dispose d'une grande superficie de bois de rose qui se trouve dans les régions du nord-est du pays, et exceptionnellement dans le  parc national de Masoala, inscrit au patrimoine mondial. Le bois de rose est classé par l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) dans la catégorie des espèces en voie de disparition et donc très protégé.

 L'exploitation abusive des ressources forestières, bien qu'elle ne fasse entrer de bénéfices à l'Etat, représente un danger pour la biodiversité et l'environnement malgaches.

D'après l'association "Madagascar National Parks", les coupes de bois précieux sont déjà maîtrisées dans certains parcs nationaux comme Marojejy et Masoala, au nord est du pays, qui font partie du patrimoine mondial en péril par l'UNESCO en 2010.