Bénin : Les vendeurs de l’essence frelatée déclenchent une grève pour exiger de l’exécutif des activités de reconversion

Afriquinfos Editeur
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LES ETALAGES DE L'ESSENCE FRELATEE SE FONT RARES AUX ABORDS DES RUES DU BENIN

"Il est très difficile de se procurer de l'essence frelatée aux abords des rues de Cotonou et de ses environnants. Les étalages de ces produits sont presque inexistant. Sur les quelques rares étalages qu'on rencontre, le prix du litre du carburant est passé de 450 francs CFA à 800 francs CFA", s'est désolé Camille Dossoukpèvi, un administrateur des Banques à Cotonou.

Pour ce cadre de l'administration béninois, la disparition brusque de ces étalages causerait d'énorme difficultés aux usagers des motos et automobiles des villes du Bénin.

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"Ces étalages nous fournissaient au moins les 95% de nos besoins en carburants. Les stations services publiques n'ont pas aujourd'hui cette capacité", a-t-il regretté.

De sources proches des vendeurs de ces produits frelatés, la disparition des étalages d'essences aux abords des rues des grandes villes du Bénin est l'une des conséquences de la décision du président béninois, Boni Yayi, de vouloir supprimer la vente de ce produit prohibé aux abords des rues du pays avant le 12 décembre prochain.

"Le président béninois Boni Yayi a pris, contre toute attente, le 12 novembre dernier, la décision de supprimer la vente de l'essence frelatée aux abords des rues du pays avant le 12 décembre prochain, sans rien proposer en retour comme autres activités aux milliers de Béninois qui vivent de la vente de ce produit", s'est désolé Ibrahim Soulé, l'un des responsables de l'association des vendeurs d'essence frelatée à Cotonou.

Pour la majorité des responsables des associations des vendeurs d'essence frelatée, l'actuel chef de l'Etat du Bénin avait pris l'initiative de lutter contre la vente de l'essence dans l'informel, un an juste après son arrivée au pouvoir en avril 2006.

"En 2007, au moment où la commission de lutte contre le marché informel de l'essence avait commencé ses activités, les autorités politiques au plus haut niveau de notre pays, nous avaient promis une reconversion d'activité. A cet effet, il nous a été demandé d'élaborer chacun un plan de reconversion précisant le nouveau secteur d'activités", ont-ils rappelé, déplorant le non aboutissement de ces projets.

"Aujourd'hui, nous parlons de la vente de l'essence dans l'informel parce que les autorités politiques de notre pays n'ont pas respecté leur engagement relatif à la reconversion des vendeurs de l'essence dans le marché noir", ont-ils déploré, précisant que la cessation de la vente de ces produits prohibés passera nécessairement par la reconversion de chacun des vendeurs du produit.

"La vente de l'essence frelatée nourris plus de cinq millions de Béninois sur les neuf millions. Que veulent les responsables politiques du Bénin, en voulant supprimer cette activité sans la reconversion des vrais acteurs de la vente de l'essence frelatée ? ", ont-ils demandé.

LES CONSEQUENCES DE LA VENTE DE L'ESSENCE FRELATEE

Pour les autorités politiques du Bénin, la vente illicite des produits pétroliers dans les différentes agglomérations du pays constitue un danger pour les populations et une menace pour l'environnement, la sécurité et l'économie nationale.

Sur le plan environnemental, la manipulation des produits pétroliers dans le secteur informel engendre une pollution atmosphérique à travers les vapeurs d'hydrocarbure dispersées dans l'air, versées dans la nature ou balayées par les eaux de ruissellement.

"Le trafic des produits pétroliers, tel que cela se passe actuellement, est à l'origine du développement des maladies cardio- vasculaires : hypertension artérielle, réduction progressive de la capacité intellectuelle, dépressions, fatigues physiques et psychiques", a averti le Dr Renaude Dessèvi, cardiologue dans une clinique privée de Cotonou.

Au plan économique, "l'Etat béninois perd directement, au bas mot, 120 milliards de FCFA par an, du fait de ce trafic parce que le secteur informel maîtrise à peu près 75 à 80% du volume de l'essence vendue", a fait observer l'économiste Antoine Hounkpatin.