Il y a 22 ans La RDC alors Zaïre s’ouvrait à la démocratie

Afriquinfos Editeur
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Devant plusieurs personnalités et cadres du mouvement populaire de la révolution (MPR parti Etat), des diplomates en place à Kinshasa et des officiers militaires des Forces armées zaïroises (FAZ), le maréchal Mobutu surprend tout le monde en annonçant le multipartisme politique et le pluralisme syndical. Au cours de ce discours, le président zaïrois annonce aussi qu'il prend congé du MPR parti-Etat dont il est le président fondateur et qu'il se met au dessus de la mêlée politique.

Le discours du président du Zaïre était la conséquence du discours fait par le président François Mitterrand lors du sommet de la Baule, en France, en 1989. Dans ce discours il annonce que la France va désormais conditionner son aide aux pays africains aux efforts que ces Etats fourniront en matière de démocratie et du respect des droits de l'homme. En Outre, le vent de la Perestroïka qui soufflait depuis Moscou, emportait dans sa mouvance tout les régimes monopartites à travers le monde. Rien, même pas le MPR-parti ne pouvait résister à la Perestroïka.

Une nouvelle ère

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Le discours du maréchal Mobutu, le 24 avril 1990, ouvre une nouvelle ère en République démocratique du Congo, celle de la démocratie et de pluralisme politique. Après 35 ans de pensée unique dictée par le MPR, le pays s'ouvre ainsi aux débats contradictoires. Dans le paysage politique congolais où déjà viennent de voir le jour une centaine de partis politiques, l' heure est à la fronde et aux critiques sur la mauvaise gestion du pays par le MPR parti Etat. Des vieux partis comme l'UDPS, le Palu, qui jadis fonctionnaient dans la clandestinité peuvent à présent évoluer librement. Leurs militants n'hésitent pas d'arborer leurs insignes et drapeaux. Ils s'attaquent directement à Mobutu et à se proches qu'ils accusent de pillages des richesses du pays, de corruption, de concussion..

« L'ouverture démocratique était comme un défoulement pour la plupart des acteurs politique. Le moment était indiqué pour dénoncé tous les maux et les antivaleurs du MPR parti Etat ». Sur le plus médiatique l'on assiste à une floraison de titres de journaux et stations de radios privées qui excellent par la diversité de leurs informations et analyses. Cependant l'on assiste aussi à une violence particulièrement journalistique compte tenu de l'intrusion des acteurs politique dans le monde de la presse. Ces derniers créent leurs propres journaux, dans le seul but d'assouvir leurs appétits politiques ou carrément diaboliser leurs adversaires politiques.

Le dialogue inter congolais

L'ouverture démocratique fait entrer le pays dans une sorte de confrontation entre certains proches de Mobutu, partisans du statut quo et les acteurs politiques de l'opposition, parmi lesquels ont compte beaucoup d'anciens dignitaires du MPR parti- Etat. e bras de fer entre la mouvance présidentielle et l' opposition ouvre la pays à un cycle de violences. La violence atteint son point culminant en septembre 1991, avec les pillages menées par des militaires des Forces armées Zaïroises (FAZ) à Kinshasa et dans plusieurs villes de provinces. C'est dans cette dynamique démocratique que s'ouvre le 7 août 1991 la Conférence Nationale Souveraine (CNS). Ce Forum réuni plus de 900 délégués des partis politiques, de la société civile, des organisations syndicales et des confessions religieuses.

La Conférence nationale souveraine ouvre ainsi une longue période de négociations notamment les négociations qui conduiront aux Accords de Lusaka, en juillet 1999, le Dialogue inter congolais respectivement à Gaborone (Botswana), à Addis-Abeba, à Sun City, en Afrique du Sud

La donne politique

Aujourd'hui, 22 ans après l'ouverture démocratique, la RDC a fait un bond qualitatif dans le domaine de la démocratie. Malgré vents et marées, le pays se trouve actuellement dans la phase de la consolidation de la démocratie. Une consolidation qui se fait avec beaucoup de heurts à cause surtout de l'immaturité politique de beaucoup d'acteurs politiques qui viennent plus en politique pour se servir et s'enrichir et non pour se mettre au servir de la population. Pour preuve, depuis lundi dernier, plusieurs centaines d'hommes politiques ( même ceux qui sont membres des partis qui n'existent pas sur terrain) se bousculent devant le bureau du nouveau Premier ministre Matata Ponyo pour avoir un poste ministériel.

Des violences et des discours de haine qui ont émaillé les élections de 2006 et de 2012 ont montré que les Congolais ont encore du chemin à parcourir pour acquérir la culture démocratique. Mais comme disait le Pasteur noir américain Jesse Jackson lors de sa visite à Kinshasa, en 1997, la démocratie est un travail de longue haleine, qui s'incruste dans la société au fur et à mesure des épreuves que connaît un pays.