Le cinéma panafricain en deuil: Le Guinéen Cheick Fantamady Camara a cassé sa caméra

Afriquinfos
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Conakry (©Afriquinfos, 2017) – Il était l’un des cinéastes prometteurs du continent. Auteur de plusieurs films très remarqués et engagés, Cheick Fantamady Camara a définitivement cassé  sa caméra à l’âge de 57 ans.

 

«Quand j’ai fait mon premier court-métrage, on m’a applaudi. J’ai fait mon deuxième court-métrage, et on me dit: «On attend ton premier long-métrage ». J’ai mon premier long-métrage, on me dit: «On attend ton deuxième long-métrage ». J’ai eu l’impression qu’on allait continuer à m’attendre jusque dans la tombe ! Je ne savais pas que j’allais souffrir autant dans mon deuxième long-métrage».

Ce sont là quelques mots du réalisateur guinéen qu’on n’entendra plus. C’était lors du dernier Festival panafricain de cinéma de Ouagadougou (Fespaco) où il avait présenté son deuxième long-métrage «Morbayassa» qu’il a mis quatre (04) ans à financer.

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Même mort, Cheick Fantamady Camara est vivant. Il  le sera tant que ses films seront toujours projetés. Car, les artistes ne meurent jamais. Leurs œuvres subsistent après eux. «Le cinéma que j’aime, c’est le cinéma divertissant et engagé», disait-il. Dans «Morbayassa», le cinéaste a confié le rôle d’une prostituée à  la recherche de sa fille à  la chanteuse Fatoumata Diawara. Alexandre Ogou et Koumba  Doumbouya ont été également tenus des rôles dans ce film. Le long-métrage dont le tournage a débuté en juillet 2010 à Dakar, a connu des difficultés financières. Cheick Fantamady Camara avait dû solliciter la contribution des internautes coproducteurs à travers le site «www.touscoprod.com».

Qui est Cheick Fantamady Camara?

Il est originaire de Conakry et s’est formé à l’école de l’écriture de scénario et en réalisation en France.  Cheick Fantamady Camara a travaillé comme assistant-réalisateur pour plusieurs cinéastes africains, et participé aux tournages de «La Genèse» de Cheick Oumar Sissoko, de «Dakan» de Mohammed Camara et de «Macadam Tribu» de Zeka Laplaine.

En 2000, il a décidé de voler de ses propres ailes. Son premier court-métrage «Konorofili» est primé au Fespaco. Mais, c’est surtout son premier long-métrage «Il va pleuvoir sur Conakry» qui l’a révélé !

Prix RFI du public au  Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou, le film dénonce  l’obscurantisme à travers l’histoire d’un dessinateur, un caricaturiste, que son père, un imam (fondamentaliste) de la grande mosquée de Conakry, choisit pour lui succéder. Primé dans une vingtaine de Festivals à travers le monde,  «Il va pleuvoir sur Conakry» révèle également les problèmes politiques, sociaux et religieux qui minent la Guinée-Conakry.

En 2007, le réalisateur guinéen a témoigné dans  «Mambety For Ever», un documentaire sur le cinéaste sénégalais Djibril Diop Mambéty. Dans sa filmographie, on retrouve «Konorofili» court métrage; «Little John», court métrage; «Bè Kunko» ; «Il va pleuvoir sur Conakry», long-métrage (fiction), 115 minutes ; «Morbayassa», long-métrage, également une fiction d’une durée de 124 minutes. Cheick Fantamady Camara a en outre reçu des prix pour sa carrière cinématographique, «Prix du Jury au Fespaco 2001» pour «Konorofili» ; «Prix du public au Fespaco 2007» pour «Il va pleuvoir sur Conakry», entre autres.

 

Anani  GALLEY