Interview du Ministre Toussaint Abel Coulibaly, président de l’Union Pour la République(UPR) : « L’Occident essaie de déstabiliser le Congo pour pouvoir mieux l’exploiter. »

Afriquinfos Editeur
5 Min de Lecture

Quelle est votre analyse de la jeune démocratie burkinabè ?

Déjà, le fait d’avoir rompu avec les États d’exception, c’est un capital qu’il faut préserver. La liberté d’expression,  qui est une réalité au Burkina, est à préserver. Même si tout n’est pas parfait, nous ne sommes pas loin de ressembler à ceux qui ont des démocraties un peu plus anciennes que la nôtre, pour peu que nous ayons des élections libres et transparentes.

Seriez-vous toujours de la majorité présidentielle si S.E.M. Blaise Compaoré cédait un jour son fauteuil à un autre militant du CDP (Congrès pour la Démocratie et le Progrès, parti au pouvoir NDLR) ?

- Advertisement -

Au sein de la majorité, notre dénominateur commun est le Président Blaise Compaoré. Nous n’avons pas créé notre parti pour figurer dans un tableau de la majorité quelque soit la personne qui est là.

Auriez-vous l’ambition de briquer la magistrature suprême un jour ?

Le temps que je me suis imposé pour faire de la politique ne me permet pas de passer de troisième à première force politique. Peut-être que d’autres après nous à l’UPR pourront briguer la magistrature suprême. Mais nous ne l’envisageons pas pour le moment.

Que vous inspire l’alternance annoncée à la tête du parti au pouvoir, le CDP?

Je pense plutôt qu’il s’agit d’un renouvellement à la tête du parti. Pour moi, l’alternance ne signifie pas changement d’homme mais changement de méthode.

Selon vous, quel sort sera réservé à l’article 37 de la Constitution qui suscite toujours tant de polémique (Article limitant à deux le nombre des mandats présidentiels NDLR) ?

Les gens veulent tronquer l’histoire. C’est au moment qu’on limitait à deux le nombre des mandats qu’il fallait inscrire l’article 37 dans les matières insusceptibles de révision… Nous, génération  présente, nous n’allons pas concocter une bataille pour la faire mener par des générations futures. Autant trancher le débat actuellement. Pour nous, soit on limite à deux l’ensemble des mandats électifs, soit on n’en limite aucun. Quelques intellectuels ne peuvent pas se partager le pouvoir sur le dos du peuple. Ce qui préoccupe plus les populations aujourd’hui, c’est comment améliorer leur quotidien, plus que celui qui contribue à améliorer ce quotidien.  Le dernier mot revient au peuple ou à ses représentants.

A propos des élections couplées de cette année (Législatives et municipales de Novembre 2012 NDLR), quelle touche votre département apportera t-il à l’organisation du scrutin ?

D’abord, c’est de relire les textes pour les adapter. Il faut que la législature soit prorogée jusqu’à l’installation du nouveau parlement. Il ya le Code électoral et le Code général des collectivités locales qu’il faut relire. Une commission ad’ hoc a été mise en place pour le toilettage de ces textes. Aussi, le nouveau découpage de Ouagadougou et Bobo-Dioulasso entrera en vigueur après les élections.

Que pensez-vous de la nouvelle rébellion Touareg  au Mali ?

C’était prévisible. La Libye est partie pour un désordre pendant très longtemps, surtout que les tribus ne sont pas homogènes. Certains de ces tribus ont des similitudes avec les Touareg. Ce qui fait qu’il peut y avoir un soutien mutuel entre ces communautés. Il faut permettre aux gens de s’asseoir autour d’une même table et faire en sorte que le conflit ne se généralise pas.

Le Nigeria est également dans l’insécurité avec les attaques attribuées à Boko Haram. Pensez-vous qu’il faille dialoguer avec les islamistes ?  

Absolument ! Ils ont une capacité de nuisance qu’ils sont en train de démontrer. Après tant d’années de guerre en Afghanistan, les États-Unis cherchent à dialoguer avec les talibans. Toute proportion gardée, on pourrait appeler les hommes de Boko Haram « les talibans africains ». Donc je pense qu’il faut dialoguer avec eux.

Quelle lecture faites-vous de la situation actuelle au Congo RDC ?

Je qualifie cette situation d’extrême gâchis. Le peuple congolais mérite mieux que ce qu’il vit actuellement. L’occident essaie de déstabiliser le Congo pour pouvoir mieux l’exploiter. Et aujourd’hui, il y a des gens qui sont plus riches que les congolais, de part les matières premières du Congo.

Pensez-vous que 2012 soit une année d’apaisement pour le continent ?

Je le souhaite, parce que je n’ai jamais vécu une année aussi difficile dans le monde que 2011. Nous souhaitons que 2012 soit une année meilleure, mais cela ne peut l’être que si nous tirons des leçons du passé.