Afrique de l’ouest : Quelques succès du GWP/AO ces dernières années en matière de gouvernance de l’eau

Afriquinfos Editeur
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Ces dernières années, le GWP/AO a piloté entre autres le PIWAG (Projet « Appui à la sécurité en eau de l’Afrique de l’Ouest»). Quels en ont été les principaux résultats positifs ?

Vous vous référez au projet «Appui à la sécurité en eau de l’Afrique de l’Ouest, par le renforcement du partenariat entre acteurs, base de la Gestion Intégrée des Ressources en Eau» qui à notre avis a été d’un apport incontestable pour l’Afrique de l’Ouest. Ce programme qui a bénéficié d’un co-financement de l’Union Européenne et du Partenariat Mondial de l’Eau sur 3 ans, du 1er octobre 2007 au 30 septembre 2010, a permis au GWP/AO de contribuer à l’amélioration des conditions d’utilisation, de gestion et de protection des ressources en eau en Afrique de l’ouest. Pour ne citer que cinq résultats, on notera :

  • la contribution à l’approfondissement de l’enseignement de la Gestion des ressources en eau dans les grandes Ecoles et Universités par des formations des enseignants-chercheurs sur le « Toolbox » du GWP, et le développement de modules d’enseignement de la GIRE (Gestion Intégrée des Ressources en Eau) dans l’enseignement supérieur, en Afrique de l’Ouest ;
  • des connaissances et perceptions des journalistes sur la problématique de l’eau en général améliorées grâce aux diverses formations et le renforcement de leur réseau qui ont nettement apporté plus de professionnalisme dans  leurs reportages et publications divers;
  • la vulgarisation des leçons tirées des études de documentation et de cas des expériences du Burkina Faso, Sénégal, Mali, Cap-Vert, Bénin, et celles contenues dans le « Toolbox » précité qui a permis l’appropriation par les principaux acteurs, des méthodologies de mise en œuvre des plans GIRE aux échelles nationale et locale ;
  • le renforcement des capacités des équipes des Partenariats nationaux de l’eau en matière de formulation et de présentation des projets aux partenaires techniques et financiers à travers des formations en mobilisation des financements ;
  • le renforcement de la coordination des actions au niveau régional à travers les  Conventions de collaboration signées avec les principales institutions permettant de diminuer la duplication des activités et contribuer ainsi à leur meilleure harmonisation.

 

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Le GWP/AO a fait des questions de la GIRE (Gestion Intégrée des Ressources en Eau) son domaine de prédilection. Quelle est la place de la dimension « Eau-hygiène-assainissement » dans vos préoccupations, quelles sont les grandes avancées en matière de gouvernance concertée de l’eau dont l’on peut être satisfait en Afrique occidentale au cours de la décennie écoulée ?

 Vous faites bien de restituer la niche première du « Partenariat Mondial de l’Eau » qui à travers la promotion de la GIRE veut atteindre sa vision qui porte sur « Un monde où la sécurité en eau est assurée ».

En d’autres termes, en aidant les pays ouest-africains à mettre en place un environnement politique, institutionnel et financier propice, à définir et répartir clairement les rôles institutionnels, et développer les instruments de gestion, le GWP concourt à la satisfaction de tous les usages dans un climat de paix et de respect mutuel, et la protection de l’environnement. Et partant à l’atteinte des OMD (Objectifs du millénaire pour le développement).

De fait donc, pour le GWP/AO, la dimension « Eau-Hygiène-Assainissement » prend une grande place dans ce sens que l’homme est au centre du développement, et il faut travailler à lui mettre à disposition l’eau nécessaire à son bien-être, et le protéger des maladies. L’assainissement apparaît donc comme la mise en place d’infrastructures et autres aménagements qui valorisent l’humain et protègent en même temps l’environnement.

Raison pour laquelle nous travaillons avec les Organisations de bassins pour la protection des cours d’eau, et envisageons dans les perspectives de travailler sur la question de l’urbanisation qui prend une grande ampleur en Afrique de l’ouest et son interface avec la dimension « Eau et Assainissement ».

En terme de gouvernance, très rapidement, il faut dire que ces dix dernières années ont vu la mise en œuvre concrète des engagements des pays de l’Afrique de l’Ouest en matière de GIRE. A travers notamment l’élaboration et le début de mise en œuvre de plans GIRE dans presque tous les pays. Tous les pays de la région ont opté pour une approche intégrée dans la gestion des ressources en eau. Plusieurs pays ont revu leur cadre législatif et institutionnel de gestion ou sont en train de le faire et à travers les Organismes de bassin, on note une grande collaboration sur les aspects transfrontaliers de gestion des ressources en eau. Naturellement, avec la création par la CEDEAO d’un CCRE/CEDEAO (Centre de coordination des Ressources en Eau), il faut dire que notre sous-région a pris un grand bon dans le bon sens pour la bonne gouvernance de l’eau !

Dans le domaine de la gestion concertée des ressources en eau en Afrique occidentale, en dépit des textes législatifs nationaux et sous-régionaux, plusieurs Etats sont encore jaloux de leur souveraineté sur un certain nombre de questions. Comment hâter la fin de ces comportements étatiques ?

 Il est vrai que c’est de la nature des Etats d’être accrochés à leur souveraineté, et les ministères des Affaires étrangères jouent beaucoup sur ce levier. Il faut cependant reconnaître qu’en Afrique de l’Ouest, sous l’égide de la CEDEAO, des efforts vers une gestion concertée des ressources partagées ont été faits.

Il ne faut pas rêver que ce soit un acquis du jour au lendemain, mais prendre acte des efforts et les accompagner. En effet, à travers la « Conférence Ouest-africaine sur la GIRE » de mars 1998 et le processus de suivi des décisions, on a abouti à la création du CPCS (Cadre permanent de coordination et de suivi) avec ses différents organes et le Plan d’Action Régional GIRE pour l’Afrique de l’Ouest. Aujourd’hui, la politique régionale des ressources en eau est en place avec son plan d’action en cours de finalisation, et auquel tous les pays doivent se conformer. Nous notons au moins trois choses importantes :

– l’axe stratégique 3 de la PREAO (Politique régionale des ressources en eau de l’Afrique de l’Ouest) porte sur la « promotion de la coopération et l’intégration régionales », et à ce titrela gestion concertée des Eaux transfrontalières, les mécanismes de prévention et de règlement des crises et conflits liés à l’eau, ainsi que le suivi de la mise en œuvre des engagements internationaux sont mis en exergue. A ce titre, la CEDEAO encourage la mise en place des Organisations de bassin, et notamment en ce qui concerne le Togo, une Organisation internationale de bassin sur le Mono est en cours de création ;

– parmi les actions récentes du CCRE/CEDEAO, on notera le « Dialogue régional sur les grandes infrastructures hydrauliques en Afrique de l’Ouest » et les résultats qui en sont issus sont de nature à exhorter les pays à collaborer au sein de la CEDEAO, notamment sur les ouvrages communs qui auront été priorisés ;

– le GWP/AO apporte sa modeste contribution à travers une campagne de promotion dans les différents pays pour la ratification de la Convention sur le droit relatif à l’utilisation des cours d'eau internationaux à des fins autres que la Navigation (ONU, 21 mai 1997). La Guinée-Bissau, le Nigeria, le Burkina Faso et le Bénin ont déjà procédé à la ratification et le Niger a obtenu le vote de l’Assemblée nationale. En outre, le GWP/AO porte avec l’ensemble de ses partenaires une initiative de « dialogue régional sur les eaux souterraines » et en particulier les aquifères partagés. Vous avez raison, une grosse inertie est constatée quand il s’agit de mettre en place des projets conjoints ; les intérêts nationaux étant mis en avant. Il faut cependant être optimiste si la dynamique ci-dessus décrite est poursuivie.

Maintenant, faut-il encore que les Organisations de bassin aient les moyens financiers et humains pour jouer leur rôle, que la CEDEAO poursuive sa marche vers une intégration régionale réelle, avec un leadership agissant sur les sujets supra-nationaux et que chaque pays ait en ligne de mire l’intérêt commun.

Peut-être faut-il mettre davantage l’accent sur les « bénéfices partagés » !