Afrique du Sud: la justice rouvre un dossier sombre de l’apartheid

Afriquinfos
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Johannesburg (© Afriquinfos 2017)-  C’est un dossier criminel d’un autre temps, dont la vérité a été longtemps sacrifiée sur l’autel de la réconciliation post-apartheid. Près d’un demi-siècle après les faits, la justice sud-africaine va pourtant le rouvrir, au risque de raviver des blessures du passé.

Militant clandestin du Parti communiste (SACP), Ahmed Timol, 30 ans, est arrêté au soir du 22 octobre 1971 à Johannesburg. Après cinq jours de détention il est déclaré mort, victime d’une chute du dixième étage du quartier général de la police.

Le verdict de l’enquête ouverte par les autorités est sans appel. Le militant anti-apartheid s’est suicidé.

« Au vu du témoignage, le meurtre est exclu et le seul fait de l’imaginer est ridicule », conclut alors le juge JJL de Villiers, « le défunt a sauté par la fenêtre et s’est écrasé au sol, il serait absurde d’envisager autre chose ». Affaire classée.

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La famille et les proches d’Ahmed Timol n’ont jamais cru à ces conclusions. A commencer par son frère cadet, qui a lui aussi connu les geôles du régime raciste blanc de l’époque.

« Personne ne peut dire s’il a été poussé par la fenêtre ou forcé à sauter, mais j’ai toujours été convaincu qu’Ahmed était mort entre les mains de la police », assure Mohammad Timol.

« Il a été horriblement torturé », renchérit le neveu de la victime, Imtiaz Cajee. « Si vous regardez les photos de son corps, personne ne peut croire à un suicide », ajoute-t-il, « en 1971 (…) tout le monde savait que la police tuait les personnes en détention ». Fort de cette conviction, le neveu s’est mis en tête de faire éclater la vérité sur la mort de son parent. Par tous les moyens.

Un magistrat a été chargé de l’affaire et la première audience d’un procès fixée au 26 juin devant un tribunal de Johannesburg. Pour Imtiaz Cajee, c’est l’aboutissement d’un long combat.

V.A