Famine au Nigeria: L’ONU tire la sonnette d’alarme et appelle à la collecte de 200 millions d’euros

Afriquinfos
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De retour de son périple qui l’a tour à tour conduit dans l’Etat de Borno (où la crise est accentuée) et dans les villes de Bama, Dikwa et de Monguno, Toby Lanzer, coordonnateur humanitaire de l’ONU pour le Sahel, s’est dit horrifié: «J’ai travaillé dans de nombreux endroits- la Centrafrique, le Darfour, le Soudan du Sud- et la situation des populations vivant dans les zones très rurales de l’État du Borno figure parmi les pires que j’aie eues à connaître», a-t-il indiqué. Il a insisté qu’il y a une «extrême urgence» et lancé un appel qu’il faut mobiliser 200 millions d’euros afin de «maintenir les gens en vie».

A l’en croire, l’aide permettra de ravitailler très rapidement en eau potable, en médicaments, en couvertures et en vivres les populations touchées. Toby Lanzer a félicité les autorités nigerianes pour les efforts qu’elles consentent afin de résorber un tant soit peu la famine. Elles ont pu mobiliser 10.000 tonnes de vivres et rendu légères les formalités de visas aux organisations internationales.

Parer au plus pressé

«En vingt ans de missions dans ce genre d’endroits je n’ai jamais vu de famine. Je ne veux pas que cela m’arrive. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour l’éviter (…). Je pense que la communauté internationale s’est montrée très hésitante jusqu’à présent à s’engager à un niveau visible. Mais nous en sommes maintenant au stade où nous devons passer à la vitesse supérieure», a déclaré l’émissaire onusien qui s’est montré optimiste malgré des cas inquiétants.

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En effet, selon Médecins sans frontières (MSF), au moins 188 personnes sont mortes, principalement de diarrhée et de malnutrition dans un camp entre le 23 mai et le 22 juin dernier. Selon l’Organisation des Nations unies pour l’enfance (UNICEF), 250.000 enfants de moins de cinq ans souffriront d’extrême malnutrition extrême dans l’État de Borno cette année ; 50.000 risquent même de mourir si l’aide tarde ! Déjà, des organisations s’activent sur le terrain. C’est le cas de l’organisation Famine Early Warning Systems Network (FEWS NET), financée par l’aide publique américaine. Toutefois, Toby Lanzer relativise. Car, pour lui, la famine est pour le moment à un «degré en dessous».

Un optimiste qui explique que la famine est déclarée lorsque au moins 20% d’une population souffre d’une manque aigu de nourritures, qu’au moins 30% des enfants souffrent de grave malnutrition et que le taux de mortalité quotidien dépasse les 2 pour 10.000. Cette situation que vit la 1ère puissance économique de l’Afrique est due aussi à la dépréciation des cours mondiaux de pétrole. Le Nigeria (1er producteur de pétrole en Afrique) subit de plein fouet la chute du brut. En conséquence, le pays n’arrive pas à aider ces populations en proie à la famine. Aussi, la secte islamiste Boko Haram constitue-t-elle un obstacle majeur aux ONG internationales d’approvisionner certaines villes entre autres, Bama (Ville située à 70 kilomètres de Maiduguri, la capitale de l’État du Borno).

Anani GALLEY