L’UA n’est pas muette sur le différend RDC-Rwanda

Afriquinfos Editeur
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Addis-Abeba  (© 2022 Afriquinfos)- Le président de la Commission de l’Union Africaine (UA), s’est exprimé sur la relation tendue entre la RDC et le Rwanda. Moussa Faki Mahamat se dit « préoccupé » par la détérioration de la situation sécuritaire entre les deux pays et appelle « à une cessation immédiate de toutes formes de violences par tout groupe armé et de toute activité militaire présentant une quelconque menace pour l’un ou l’autre de la République du Rwanda et de la RDC ».

Les efforts de dialogue entamés depuis deux semaines entre Kigali et Kinshasa ne semblent pas (encore) porter des fruits. Juang Xia, Envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies pour la région des Grands Lacs, s’est rendu la semaine dernière à Goma et à Kigali. João Lourenço, médiateur désigné par l’UA, espère toujours une rencontre entre Paul Kagame et Félix Tshisekedi. Sur le terrain, le M23 appuyé par le Rwanda occupe depuis ce lundi la cité de Bunagana, frontalière avec l’Ouganda.

Dans un communiqué publié ce lundi 13 juin 2022, M. Faki « encourage vivement les deux pays-frères à résoudre tout différend par le dialogue et la concertation fraternelle offerts par les mécanismes régionaux, notamment ceux entrepris par João Lourenço, président de la République d’Angola, et président de la Conférence Internationale de la Région des Grands Lacs (CIRGL), ainsi que le processus de Nairobi ».

En amont aux déclarations de Moussa Faki, le chef de l’État sénégalais Macky Sall, président en exercice de l’Union africaine s’était également exprimé sur la situation.  Le 29 mai, il  a affirmé être  «  gravement préoccupé » par la « montée de la tension » entre le Rwanda et la République démocratique du Congo (RDC), exhortant les deux pays « au calme et au dialogue ».

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« Je suis gravement préoccupé par la montée de la tension entre le Rwanda et la RDC », avait déclaré Macky Sall dans un tweet face à l’escalade des tensions des derniers jours entre les deux pays voisins.

« J’appelle les deux pays au calme et au dialogue pour la résolution pacifique de la crise avec le soutien des mécanismes régionaux et de l’Union africaine », a ajouté Macky Sall.

Les relations entre la République démocratique du Congo (RDC) et son voisin le Rwanda ne sont pas au beau fixe, depuis que Kigali est pointée du doigt accusateur par Kinshasa de soutenir le mouvement « terroriste » du 23 mars (M23) qui sème la terreur dans la partie est de la RDC.

La pomme de discorde

Le Rwanda a affirmé samedi 28 mai que deux de ses soldats étaient retenus en captivité après leur enlèvement par des rebelles en RDC, accusant les autorités de ce pays de les soutenir.

Selon les Forces de défense rwandaises (RDF), ces deux soldats ont été enlevés lors d’une patrouille et sont détenus dans l’est de la RDC par des rebelles des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).

Cet incident fait suite à une attaque menée le long de la frontière par les forces congolaises et les rebelles des FDLR, selon l’armée rwandaise.

Depuis quelques semaines, les combats entre les forces congolaises et le M23 ont éclaté sur plusieurs fronts au Nord-Kivu, une province orientale de la RDC déchirée par la guerre, frontalière du Rwanda.

Kinshasa affirme que le M23 – un principalement composé de Tutsis congolais, parmi la centaine de groupes armés opérant dans l’est de la RDC – est soutenu par le Rwanda. Kigali a nié toute implication.

Il y a quelques jours, les autorités congolaises ont décidé de suspendre les vols de la compagnie Rwand’Air.

La RDC et le Rwanda entretiennent des relations tendues depuis l’arrivée massive dans l’est congolais de Hutu rwandais accusés d’avoir massacré des Tutsi lors du génocide des Tutsi au Rwanda perpétré en 1994.  Kinshasa a régulièrement accusé le Rwanda de mener des incursions sur son territoire et d’y soutenir des groupes armés.

Les relations avaient commencé à se dégeler après l’élection du président congolais Félix Tshisekedi en 2019, mais la résurgence des attaques du M23 a récemment ravivé les tensions bilatérales.

Vignikpo Akpéné