Tchad: Des partis d’opposition et de la majorité demandent l’annulation des élections communales (PAPIER GENERAL)

Afriquinfos Editeur
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L'Alliance de la Renaissance formée par le Mouvement Patriotique du Salut (MPS, du président Idriss Déby Itno) et certains partis dont le Rassemblement pour la Démocratie et le Progrès (RDP, de l'ancien président de la République Lol Mahamat Choua) est le grand vainqueur du scrutin organisé le 22 janvier dernier dans quarante-deux circonscriptions. Elle remporte la totalité des sièges des six communes (sur 10) de la capitale N'Djaména, ainsi que 16 autres villes, notamment Léré, dans la région du Mayo-Kebbi ouest frontalière avec le Cameroun, et réputée être le fief du leader du leader de l'opposition, Saleh Kebzabo.

Seules deux villes échappent totalement au contrôle de la majorité présidentielle: Moundou, la capitale économique, gagnée par une coalition de l'opposition menée par un ancien maire de la ville; et Bébédjia, dans la zone pétrolière et bastion traditionnel du député fédéraliste Ngarléjy Yorongar.

"Pour des raisons d'irrégularités flagrantes constatées, la CENI n'a pas traité et publié les résultats du Xème arrondissement de la capitale", a déclaré son président, Yaya Mahamat Liguita.

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Les résultats définitifs devront être proclamés le 21 février au plus tard par la Cour suprême. Mais à peine les résultats provisoires proclamés le 6 février dernier, des militants et candidats de la Coordination des Partis Politiques pour la Défense de la Constitution (CPDC, le plus important regroupement de l'opposition), du VIVA RNDP et du RNDT-Le Réveil (tous deux partis de la majorité présidentielle) ont investi les locaux de la Cour suprême pour demander l'annulation du scrutin, notamment dans la ville de N'Djaména.

Les contestataires ont été reçus par le président de la Cour suprême, Abderahim Birémé Hamid, qui les a conseillés de surseoir au sit-in. Une dizaine de personnes, la plupart des candidats, ont été arrêtées par la police sur instruction du commissaire central de police de la capitale. Elles seront libérées dans l'après- midi du jeudi 9 février suite à l'intervention du porte-parole adjoint de la CPDC et chef de file de l'opposition, Saleh Kebzabo.

"Nous allons faire pression sur le gouvernement, la Cour suprême et toute la classe politique pour que ces élections soient annulées", a réaffirmé Saleh Kebzabo à Xinhua. Le chef de file de l'opposition estime que cette lutte n'est non seulement l'affaire de la CPDC, des candidats, mais de la démocratie.

"Nous estimons que la Cour suprême va dire le droit et que les résultats seront purement et simplement annulés", déclare Kampété Vetna, candidat du VIVA-RNDP, parti de l'ancien Premier ministre Kassiré Coumakoye, qui avait fait liste commune avec le parti au pouvoir pendant les élections législatives de février 2011 et soutenu le président Idriss Déby Itno lors de sa réélection trois mois après.

A l'appui de leurs arguments, les partis contestataires citent entre autres preuves, des procès-verbaux de vote falsifiés, des cartes d'électeurs vierges, ainsi que des photos des personnes prises en flagrant délit de falsification des documents de la CENI. Ils se disent déterminés à tout mettre en oeuvre pour empêcher ces élus de siéger au cas où la Cour suprême ne répond pas favorablement à leur requête.

Dans un communiqué de presse publié vendredi, le Comité de suivi et d'appui de l'Accord politique du 13 Août 2007 salue l'attitude des candidats de tous les courants qui, pour la première fois dans l'histoire électorale, tentent de s'organiser pour réclamer la justice. "Face aux nombreux dysfonctionnements et manipulations frauduleuses attribués à la Céni et certains de ses membres, selon les termes du communiqué, le Comité demande à la Céni de prendre des mesures administratives à l'encontre de ses membres défaillants et exhorte la Cour suprême à dire le droit dans l'examen des procès-verbaux et requêtes", ajoute le communiqué.

Enfin, il invite les candidats et partis politiques engagés dans ces élections à faire preuve de retenue et attendre sereinement les résultats de la Cour suprême.