Les tensions escaladent dans le conflit pétrolier entre le Soudan du Sud et le Soudan

Afriquinfos Editeur
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Un jour après que Khartoum a procédé à la libération de trois pétroliers sud-soudanais détenus à Port-Soudan, Juba a annoncé la suspension du pompage de pétrole qui ne reprendra que lorsqu'un accord avec le Nord sera atteint.

"Le pompage du pétrole brut a été suspendu, nous ne reprendrons pas les opérations tant qu'un accord complet, résolvant tous les problèmes en suspens, ne soit atteint", a déclaré lundi à Xinhua Elisabeth James, vice-ministre sud-soudanaise du Pétrole.

"Les négociations d'Addis Abeba, sous parrainage de l'UA, ont échoué à résoudre le conflit pétrolier. C'est pourquoi, nous avons décidé d'appliquer la décision du Conseil des ministres et de suspendre le pompage de pétrole brut", a-t-elle ajouté.

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La vice-ministre a réitéré que le gouvernement sud-soudanais était ouvert à toutes solutions satisfaisantes pour les deux parties, niant toutes motivations politiques derrière la détermination de Juba à atteindre un accord complet avant la reprise du pompage de pétrole.

"Le problème du pétrole est juridique et non politique. Nous voulons un accord qui résolve les différends sur les droits fixés pour transporter le pétrole du Sud via les pipelines du Nord. Cet accord doit respecter les normes internationales", a-t-elle souligné.

Elle a minimisé la décision de Khartoum concernant la libération des pétroliers, déclarant: "Cette initiative ne suffit pas pour résoudre le problème et nous ne pensons pas qu'elle représente une initiative de bonne volonté. Pour nous, c'est un droit retourné aux propriétaires".

Le 20 janvier, le gouvernement du Soudan du Sud a décidé de suspendre la production de pétrole après que Khartoum a commencé à retenir une partie du pétrole du Sud pour se rembourser les impayés de Juba.

Le Soudan du Sud a également annoncé plus tôt avoir signé un accord cadre avec le Kenya pour construire un oléoduc menant au port kényan de Lamu, qui réduira sa dépendance vis-à-vis des installations soudanaises.

Mohamed Al-Nayer, analyste politique soudanais, a déclaré à Xinhua que "le gouvernement sud-soudanais peut tenter de faire escalader le problème du pétrole et certains pays soutiennent cette position".

La décision du Sud vise clairement le Nord et son économie et certains incitent Juba à ne pas être d'accord avec Khartoum, a-t-il indiqué.

"Le dernier cycle des négociations à Addis Abeba a révélé que Juba ne voulait pas mettre fin au conflit pétrolier", selon l'analyste, faisant référence au retrait de dernière minute de Juba de l'accord initié par l'UA.

Après s'être séparé du Soudan du Sud en juillet 2011, le Soudan a perdu deux-tiers de ses ressources pétrolières. Les deux parties négocient depuis un accord sur le partage du pétrole.