Afrique du Sud: Grands traits de la Commission anti-corruption qui entend Cyril Ramaphosa ces 13 et 14 mai 2021

Afriquinfos Editeur
4 Min de Lecture
Le président sud-africain Cyril Ramaphosa à Johannesburg le 28 avril 2021.

La Commission sud-africaine chargée depuis trois ans d’enquêter sur la corruption d’Etat, centrée sur la présidence de Jacob Zuma (2009-2018), doit entendre jeudi et vendredi son successeur Cyril Ramaphosa. 

Ses conclusions ne déboucheront pas directement sur des inculpations mais pourront être transmises au parquet. Elle doit terminer son travail fin juin. Voici quelques-uns de ses temps forts:

– Origines

C’est le président Jacob Zuma lui-même qui crée la commission en janvier 2018, pour répondre aux accusations accablantes d’un rapport publié deux ans plus tôt, largement relayées par les médias. Il détaillait comment une fratrie d’hommes d’affaires d’origine indienne, les Gupta, a pillé les ressources publiques, avec la complicité du président, et participait à la gestion des affaires de l’Etat, notamment la nomination de ministres. Les sulfureux Gupta – Ajay, Atul et Rajesh dit Tony – ont depuis quitté l’Afrique du Sud pour s’établir à Dubai.

Un mois après avoir signé la création de cette commission basée à Johannesburg, Zuma est forcé à la démission par l’ANC, parti historique au pouvoir. Son successeur, Cyril Ramaphosa, promet de débarrasser le parti de Nelson Mandela de ses éléments corrompus, après « neuf années perdues ».

- Advertisement -

Le juge Raymond Zondo, vice-président de la Cour constitutionnelle, plus haute instance judiciaire du pays, est choisi pour la présider.

– Révélations

Plus de 270 témoins, politiques, hommes d’affaires, fonctionnaires ou agents de sécurité anonymes ont témoigné depuis le début des audiences, télévisées pour la plupart, depuis août 2018.

– Parmi les témoignages les plus saisissants, celui de l’homme d’affaires Angelo Agrizzi, en janvier 2019, qui a raconté tout un monde souterrain de sacs remplis d’argent et de réunions secrètes dans des hôtels de luxe pour que de gros bonnets de l’ANC touchent des pots-de-vin, en échange de contrats gouvernementaux.

Plusieurs témoins ont évoqué un audit pour un important chantier de désamiantage de logements sociaux dans le Free state (centre): les travaux n’ont jamais eu lieu, 10 millions de dollars ont disparu. Ces témoignages ont aidé à inculper en novembre Ace Magashule, ancien Premier ministre de cette province et sulfureux secrétaire général de l’ANC, suspendu début mai par son parti dans l’attente de son procès.

Cadres et anciens ministres ont témoigné de l’emprise des Gupta et de leur pillage d’argent public. En février, trois anciens membres du conseil d’administration du géant électrique Eskom ont déclaré avoir signé « par erreur » un prépaiement de 113,9 millions de dollars à une société minière appartenant aux Gupta, Tegeta.

– Le cas Zuma

Jacob Zuma comparaît devant la commission en juillet 2019, affirmant n’avoir rien à se reprocher. Mais il se retire deux jours après, se plaignant d’être « traité comme un d’accusé ». Depuis, il multiplie les manœuvres pour éviter de témoigner, empilant les recours ou faisant valoir son droit au silence.

En janvier, la Cour constitutionnelle décide qu’il n’a pas ce droit et lui ordonne de témoigner. Rien à faire: Il dit « préférer aller en prison que se laisser intimider par un processus irrégulier, manipulé et illégal ». Depuis, la commission a demandé à la plus haute juridiction de lui imposer deux ans de prison pour son refus de témoigner.