À l’occasion de sa participation à Fruit Attraction, Afruibana réaffirme ses positions sur le prix juste, la responsabilité partagée et le salaire décent

Afriquinfos Editeur
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Madrid (© 2023 Afriquinfos)- Une délégation d’Afruibana a participé à Fruit Attraction, événement international incontournable de l’industrie des fruits & légumes, qui s’est déroulé du 1er au 5 octobre 2023. Dans ce cadre, le Forum Mondial de la Banane a organisé deux panels dédiés aux enjeux de responsabilité partagée et de salaire décent permettant à Afruibana de s’exprimer sur ces deux notions structurantes pour l’avenir de la filière.

Fruit Attraction a réuni les acteurs clés pour la filière banane mondiale : des producteurs nationaux, des certificateurs, des représentants de la grande distribution, des syndicats ainsi que des membres de la société civile. La participation d’Afruibana à cet évènement majeur était essentielle car c’est à cette occasion qu’est négociée une part importante des contrats annuels d’approvisionnement de la grande distribution européenne.

Les deux panels organisés par le Forum Mondial de la Banane sur le salaire décent et la responsabilité partagée ont été l’occasion pour les membres de la délégation d’Afruibana, notamment Jean-Marie Kakou-Gervais (président de l’OBAMCI et vice-président d’Afruibana) et Jean-François Billot (secrétaire-général d’Afruibana), de réaffirmer les positions de leur association.

1-Obtenir des prix justes :

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 Avant toute chose, pour qu’un salaire décent soit possible, il est essentiel que les prix d’achat des fruits vendus soient justes. Ces “prix justes” sont la condition d’une bonne santé économique des entreprises productrices, qui ont ensuite les moyens de relever leurs salaires. Or, il est de notoriété publique que la banane, tout en étant le fruit le plus consommé au monde, est dans le même temps celui dont le prix au kilo est le plus faible. Il y a lieu de s’interroger lorsqu’en Europe le prix au kilo des pommes polonaises, venant de quelques centaines de kilomètres, est souvent au moins le double de celui des bananes devant être importées de bien plus lointaines régions tropicales.

Le préalable à tout débat sur le salaire décent est donc l’obtention de prix justes, permettant de couvrir les frais de production, de transport et de mûrissage, mais aussi d’investir à la fois dans l’appareil productif, dans le tissu social des zones de production et enfin dans les transitions environnementales et sociales découlant des évolutions du cadre normatif ou des initiatives propres des producteurs. Nous le redisons : pour atteindre des salaires décents, on ne peut faire l’économie d’une discussion sérieuse sur les prix d’achat et les pratiques les encadrant.

2-Partager la responsabilité entre tous les acteurs :

Développée sous l’égide du Forum Mondial de la Banane, la notion de « responsabilité partagée » a vocation à garantir une répartition équitable des risques et de la valeur tout au long des chaînes d’approvisionnement. Conscients des enjeux de transitions environnementales et sociales, certains acteurs de la grande distribution (tout spécialement du Nord de l’Europe) ont ouvert la voie en se ralliant progressivement à cette démarche. Ainsi, des coalitions de chaînes de supermarchés allemandes, néerlandaises, belges et enfin britanniques se sont publiquement engagées, à horizon de 5 à 8 ans, à résorber l’écart qui pourrait encore exister entre les salaires actuels et les niveaux dits décents. C’est une initiative positive et responsable que nous saluons. La création en Europe d’un cadre normatif incitatif en matière de responsabilité partagée serait de nature à accélérer l‘adoption généralisée de cette pratique.

3-Partager la responsabilité entre tous les acteurs :

Développée sous l’égide du Forum Mondial de la Banane, la notion de « responsabilité partagée » a vocation à garantir une répartition équitable des risques et de la valeur tout au long des chaînes d’approvisionnement. Conscients des enjeux de transitions environnementales et sociales, certains acteurs de la grande distribution (tout spécialement du Nord de l’Europe) ont ouvert la voie en se ralliant progressivement à cette démarche. Ainsi, des coalitions de chaînes de supermarchés allemandes, néerlandaises, belges et enfin britanniques se sont publiquement engagées, à horizon de 5 à 8 ans, à résorber l’écart qui pourrait encore exister entre les salaires actuels et les niveaux dits décents. C’est une initiative positive et responsable que nous saluons. La création en Europe d’un cadre normatif incitatif en matière de responsabilité partagée serait de nature à accélérer l‘adoption généralisée de cette pratique.

L’institution multilatérale légitime sur ces questions est, sans conteste, l’Organisation internationale du travail (OIT). C’est elle qui dispose du mandat des états, de l’expertise et des moyens techniques nécessaires pour développer les méthodologies permettant de déterminer ce que doit être un salaire décent et de suivre, pays par pays, les évolutions du coût de la vie. Porté par cette expertise, le dialogue social dans les pays producteurs se trouve renforcé et peut efficacement tendre vers la réalisation de salaires décents.

Ce même esprit de concertation doit prévaloir dans le dialogue institutionnel entre les pays acheteurs et producteurs. Tout comme dans le secteur du cacao, les conditions d’un commerce plus juste ne peuvent émerger qu’au travers d’échanges transparents et volontaires entre États et seront d’autant plus facilitées par l’établissement de cadres réglementaires assurant des pratiques de commerce responsables.

Il convient enfin de rappeler que ces points essentiels (centralité des dialogues sociaux et institutionnels et primat du rôle de l’OIT en matière de méthodologie) sont au cœur de la déclaration conjointe du 1er juin 2023 des gouvernements d’Allemagne, des Pays-Bas, de Belgique et du Luxembourg sur les notions de « salaire et revenu décents » et que nous avons salué et clairement approuvé cette déclaration par un communiqué de presse en date du 27 juillet 2023.

Ainsi, prises conjointement et en bonne intelligence avec les acteurs de la grande distribution, les mesures permettant d’atteindre des prix justes, une responsabilité partagée et des salaires décents peuvent contribuer décisivement à la réalisation pérenne de chaînes d’approvisionnement agricoles véritablement justes et durables.

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