Tourner la page du djihadisme au Sahel: Djibril Bassolé livre sa part de solutions

Afriquinfos Editeur
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Paris (© 2023 Afriquinfos)- Ministre de la Sécurité puis chef de la diplomatie sous Blaise Compaoré, Djibril Bassolé est un fin connaisseur des enjeux sécuritaires dans la région du Sahel. Au micro de France 24, il estime que le ‘’tout-militaire’’ pour éradiquer l’hydre terroriste montre ses limites et qu’il va falloir utiliser d’autres approches.

S’il a été condamné à 10 ans de prison pour son rôle présumé dans une tentative ratée de coup d’État en 2015, puis autorisé à se déplacer en France pour se soigner, Djibril Bassolé continue de se prononcer sur l’actualité socio-politique et sécuritaire de son Burkina Faso natal, mais aussi sur l’ensemble de la région du Sahel.

Tout en déplorant que son pays soit devenu l’épicentre des attaques terroristes, l’ancien ministre de la Sécurité craint que la riposte faite de frappes aériennes et d’interventions tous azimuts des autorités de transition avec l’aide de forces étrangères, ne soit pas la réponse appropriée sur le long terme.

Il estime qu’«changement de stratégie est nécessaire pour trouver une solution de paix par le dialogue». Et d’ajouter: «Il nous faut trouver des solutions par nous-mêmes. Si on ne trouve pas entre nous-mêmes des solutions endogènes pour répondre à la montée du djihadisme, on risque de connaître un effondrement total», prévient Djibril Bassolé.

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Cette ligne a toujours été défendue dans de précédentes interventions par l’ancien médiateur des Nations Unies et de l’Union africaine pour le Darfour. Faisant le constat que le djihadisme a «pris les formes d’insurrections armées locales ou régionales avec des jeunes nationaux des pays visés qui se sont massivement enrôlés dans les groupes djihadistes», Djibril Bassolé soutient que le dialogue avec les groupes terroristes est indispensable.

Cette approche permettra selon lui «d’abord de mieux évaluer la situation de l’insécurité, d’en faire un diagnostic précis et de cerner les causes profondes de l’adhésion massive des jeunes nationaux aux actions terroristes».

L’ancien envoyé spécial de l’Organisation pour la coopération islamique (OCI) pour le Mali et le Sahel estime en outre que le dialogue «permet ensuite de réformer le système de gouvernance tel que nous l’avons hérité du colonisateur qui a montré ses limites. Il faudra réformer l’Etat afin qu’il soit plus apte à promouvoir l’intérêt général, à garantir une meilleure gouvernance, à assurer une meilleure répartition des ressources naturelles, bref, à donner aux populations la maîtrise de leur destin».

Djibril Bassolé s’est aussi prononcé sur le putsch au Niger et a indiqué qu’il serait dommage d’en arriver à « la solution extrême » d’usage de la force pour rétablir l’ordre constitutionnel. Il appelle à une « médiation plus dynamique et efficace » pour permettre aux Chefs d’État de trouver une sortie de crise.

S. B.