Putsch au Gabon: Situation calme en général dans le pays, des scènes de jubilation par endroits, internet progressivement de retour

Afriquinfos Editeur
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Le président Ali Bongo, le 16 août 2019 à Libreville, au Gabon (AFP).

Des militaires ont annoncé mercredi mettre « fin au régime en place » au Gabon, un coup d’Etat visant le président sortant Ali Bongo, au pouvoir depuis 14 ans et dont la réélection venait d’être annoncée dans la nuit.

Vers 06H00 GMT, les rues du centre-ville de Libreville étaient désertes, selon l’AFP. Selon des témoignages, sur le grand boulevard du bord de mer menant au centre-ville, quelques véhicules dont un blindé transportant des troupes ont été aperçus.

Dans le quartier populaire ‘Plein Ciel de Libreville, non loin du centre, un membre du personnel de l’AFP a vu une centaine de personnes sur un pont, à pied ou en voiture, crier: « C’est la libération ! » ou encore « Bongo dehors! ». Au son des klaxons, ils ont salué et applaudi des policiers en tenue anti-émeutes au visage masqué. Selon cette source, des militaires à bord d’un véhicule de transport ont levé les bras en signe de victoire, et ont été applaudis par la foule.

Dans le quartier aisé d’Akanda, non loin de la résidence d’Ali Bongo, des habitants se tenaient sur le pas de leur porte, sans oser sortir, selon un membre du personnel de l’AFP, des militaires rigolards d’une unité d’élite leur demandant de rentrer chez eux.

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A Port-Gentil, la capitale économique, sur la place du Château d’eau dans un quartier très populaire et bastion traditionnel de l’opposition, des centaines de personnes sont sorties en voiture en klaxonnant au cri de « Le Gabon est libéré ». Certains dansent avec des policiers et des militaires en tenue, a rapporté Ousmane Manga, journaliste indépendant contacté par téléphone par l’AFP. M. Bongo, 64 ans, a été élu en 2009 après la mort de son père Omar Bongo Ondimba, qui avait dirigé le Gabon pendant plus de 41 ans. L’opposition a régulièrement dénoncé la perpétuation d’une « dynastie Bongo » de plus de 55 ans à ce jour.

Ali Bongo briguait un troisième mandat, réduit de 7 à 5 ans, aux  élections de samedi 26 aout qui regroupaient trois scrutins, présidentiel, législatifs et municipaux. Quelques instants avant l’irruption des militaires sur les écrans, les résultats officiels des élections avaient été égrenés en plein milieu de la nuit, à 03H30 (02H30 GMT), sur la télévision d’Etat, sans aucune annonce préalable.

Selon ces résultats, le principal rival de M. Bongo, Albert Ondo Ossa, n’a recueilli que 30,77% des voix à la présidentielle, et les douze autres candidats n’ont décroché que des miettes. Albert Ondo Ossa avait dénoncé des « fraudes orchestrées par le camp Bongo » deux heures avant la clôture du scrutin samedi, et revendiquait alors déjà la victoire. Lundi, son camp avait exhorté M. Bongo à « organiser, sans effusion de sang, la passation du pouvoir ».

A. Ondo Ossa, 69 ans, avait été choisi seulement huit jours avant le scrutin par la principale plateforme des partis de l’opposition, Alternance 2023, au terme d’une âpre lutte entre six prétendants.