Bazoum victime d’un kidnapping et pas encore d’un coup d’Etat (Olushegun Bakari)

Afriquinfos Editeur
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Cotonou (© 2023 Afriquinfos)- Au lendemain de la médiation menée  par Abdulsalami Abubakar et le sultan de Sokoto et ayant visiblement accouché d’une souris, et à trois jours de la fin de l’ultimatum de la Cedeao au Niger, le ministre béninois des Affaires étrangères, Olushegun Adjadi Bakari, remet les pendules à l’heure.

D’après le chef de la diplomatie béninoise, la situation au Niger ne peut encore être qualifiée d’un coup d’Etat. ‘’Nous ne sommes pas dans un cas de coup d’Etat. Il s’agit ici d’une prise d’otage voire un kidnapping et lorsqu’on est en face d’une prise d’otage ou d’un kidnapping, on n’est pas dans une négociation de proposition. L’objectif premier est de pouvoir faire libérer l’otage, et que l’otage revienne à une vie normale. Dans le cas présent, l’objectif, c’est de faire en sorte que le Président Bazoun, démocratiquement élu par le peuple nigérien, reprenne ses fonctions de Chef de l’Etat du Niger’’, a-t-il laissé entendre.

Des propos conformes à ceux tenus par la communauté ouest-africaine à l’issue de son Sommet du 30 juillet. Et selon lesquels le ‘’Président Mohamed Bazoum est en détention illégale’’.

Selon le missi dominici du Président Talon, ‘’la médiation portée par les Chefs d’Etats de la Cedeao consiste à laisser la porte ouverte et à privilégier le dialogue. Jusqu’à la dernière minute, il y a un ultimatum qui a été donné et tant qu’on n’est pas à la fin de cet ultimatum, toutes les voix permettant d’avoir une sortie de solution qui soit acceptable seront utilisées’’, a-t-il fait observer.

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Soulignant espérer une sortie de crise sans violence et apaisée, Olushegun Adjadi Bakari a toutefois souligné le maintien ‘’des valeurs démocratiques, des valeurs de préservation de stabilité politique, et de transition démocratique au sein de l’espace Cedeao. C’est le message que les Chefs d’Etat ont porté, et je pense que c’est très important de rester là-dessus’’, a-t-il insisté dans un entretien sur RFI.

Aussi, a-t-il fait savoir qu’au cas où les militaires refuseraient de rendre le pouvoir, passé l’ultimatum, ‘’toutes les pistes seront envisagées y compris le recours à la force’’ a-t-il affirmé, précisant cependant que ‘’l’objectif est de tout faire pour qu’on n’arrive pas à cette solution, mais si cela devrait arriver, je pense qu’il y a des mécanismes qui sont en place’’.

Le nouveau chef de la diplomatie béninoise a également rassuré sur la capacité et la disponibilité du Bénin et d’autres pays du bloc ouest-africain à pouvoir envoyer des contingents au Niger, ‘’pour participer à la résolution de cette crise si on devrait arriver à cette solution’’. Solution qui, reconnaît-il, ‘’serait déplorable parce qu’en fait, aujourd’hui, la piste de la négociation reste sur la table, reste prégnante et la plus envisagée. Mais dans le cas où on n’arriverait pas au terme de l’ultimatum à une solution négociée qui serait la meilleure pour tous, il faudrait bien entendu envisager toutes les autres solutions comme évoqué par les Chefs d’Etat de la Cedeao’’, a-t-il en outre renchéri.

Une réunion des chefs d’état-major de la Cedéao en cours

De 2 au 4 août 2023, les chefs d’état-major des pays de la Cedeao sont en réunion à Abuja.  Et ‘’leur mission, c’est de parvenir à mettre en place une force militaire et un plan d’action d’ici dimanche 6 août. Cela fait partie de leur réunion régulière parce que depuis un certain temps, il y a ce creuset des chefs d’état-major qui est en place. Ils ont l’habitude de travailler ensemble. Cette force de la Cedeao est en attente depuis, et son opérationnalisation a commencé depuis un certain temps. Je pense qu’opérationnellement, il y a déjà une convergence’’, a davantage indiqué S. Bakari.

Aux yeux de ce dernier, ‘’il ne s’agit pas d’aller en guerre contre le Niger, il s’agit d’aller libérer une autorité démocratiquement élue et prise en otage par des personnes qui avaient à charge sa sécurité, donc en réalité, on n’est pas dans les fantasmes de guerre, il s’agit d’aller libérer et réinstaller un Président’’, a-t-il répondu, à la question de savoir si une intervention musclée de la Cedeao ne serait pas source d’un conflit régional, avec comme point d’orgue, les menaces du Mali et du Burkina Faso.

L’ultimatum de la Cédéao au Niger prend fin dans trois jours. Au moment où l’organisation sous-régionale brandit ses menaces, le numéro 2 de la junte nigérienne, le général Salifou Mody, est en visite à Bamako depuis ce mercredi matin pour s’entretenir avec les autorités maliennes.

Vignikpo Akpéné