Museveni valide la loi critiquée par l’Occident sur l’homosexualité en Ouganda

Afriquinfos Editeur
4 Min de Lecture

Kampala (© 2023 Afriquinfos)- La loi durcissant les poursuites contre les homosexuels en Ouganda a été promulguée ce lundi 29 mai, a annoncé la Présidence, malgré l’indignation qu’elle suscite auprès de nombreuses ONG et de Gouvernements occidentaux. Si une révision du texte avait été réclamée pour répondre à la pression de la communauté internationale, celui-ci prévoit toujours une disposition faisant de « l’homosexualité aggravée » un crime capital. Ce qui signifie que les récidivistes pourront être condamnés à mort.

’Le Président a approuvé le projet de loi anti-homosexualité 2023. Il devient désormais la loi anti-homosexualité 2023’’, a annoncé la Présidence ougandaise dans un bref communiqué publié sur son compte Twitter officiel.

Le vote de ce projet de loi au Parlement le 21 mars dernier avait suscité un tollé international et le Président Yoweri Museveni avait demandé fin avril aux parlementaires de « réexaminer le texte« , les enjoignant notamment de préciser que le « fait d’être homosexuel n’était pas un crime, mais que seules les relations sexuelles l’étaient« . Dans une version modifiée à la marge et votée à l’unanimité moins une voix le 2 mai dernier, les élus avaient inclus dans le texte qu’’’une personne qui est présumée ou soupçonnée d’être homosexuelle, qui n’a pas commis d’acte sexuel avec une autre personne de même sexe, ne commet pas le délit d’homosexualité’’.

Dans ce pays d’Afrique de l’Est où l’homosexualité est illégale, les ‘’actes d’homosexualité’’ sont passibles de prison à perpétuité depuis une loi datant de la colonisation britannique. Dans la nouvelle version du texte, les parlementaires ont toutefois maintenu, contre l’avis du Chef de l’État, une disposition faisant de ‘’l’homosexualité aggravée’’ un crime capital. Ce qui signifie que les récidivistes pourront être condamnés à mort. En Ouganda, la peine capitale n’est plus appliquée depuis des années.

- Advertisement -

Une disposition sur la ‘’promotion’’ de l’homosexualité inquiète également les organisations de défense des droits des homosexuels. Selon le texte, quiconque – particulier ou organisation – «promeut sciemment l’homosexualité» encourt jusqu’à 20 ans de prison. S’il s’agit d’une organisation, elle risque dix ans d’interdiction.

Loi saluée par Kampala mais dénoncée en Occident

Cette nouvelle mouture du texte promulgué avait été condamnée par Amnesty International. L’ONG avait demandé au Président Museveni de s’opposer à cette ‘’loi méprisante (qui) viole de manière flagrante les droits humains des personnes LGBTI en Ouganda’’.

Après le vote initial du 21 mars, les États-Unis, le Royaume-Uni et l’UE avaient condamné le projet de loi. La Maison Blanche avait mis en garde l’Ouganda contre de potentielles «conséquences» économiques. Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Volker Türk, avait critiqué un «texte discriminatoire – probablement le pire au monde en son genre». Dans une résolution le 20 avril dernier, les eurodéputés avaient déploré «la contribution du Président Museveni à la rhétorique de haine envers les personnes LGBT+».

La Présidente du Parlement ougandais, Anita Among, s’est félicitée ce 29 mai de la promulgation du texte par Yoweri Museveni, qui qualifie lui-même régulièrement l’homosexualité de « déviance« . « En tant que parlement ougandais, nous avons tenu compte des préoccupations de notre peuple et légiféré pour protéger le caractère sacré de la famille (…) Nous sommes restés fermes pour défendre la culture, les valeurs et les aspirations de notre peuple« , a-t-elle défendu dans un communiqué. Cette loi bénéficie d’un large soutien populaire et les réactions de l’Opposition politique locale ont été rares dans ce pays sur ce sujet sensible.

V. A.