Madagascar: Interdiction de manifestations publiques à sept mois de la présidentielle

Afriquinfos Editeur
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Antananarivo (© 2023 Afriquinfos)- Le ministre malgache de l’Intérieur a interdit la tenue de toutes manifestations à caractère politique dans un lieu public. Selon une note dudit ministère diffusée sur la télévision nationale ce 31 mars 2023, les manifestations devront se tenir uniquement dans un endroit clos afin «de préserver l’ordre public».

«Cette mesure s’applique à tous les partis politiques et à tous les parlementaires», a précisé le ministre, sauf aux membres de l’exécutif, «qui ont besoin de rencontrer et d’écouter la population». De nouvelles «règles du jeu» qui ont sans surprise fait réagir politiciens et société civile, qui voient en cette nouvelle interdiction, une violation des libertés publiques et un durcissement de l’offensive répressive du gouvernement, à sept mois de l’élection présidentielle.

Pour Faraniaina Ramarosaona, figure éminente de la société civile, ces nouvelles règles édictées sont «surréalistes» et marquent un «deux poids deux mesures».

«Il est inconcevable qu’on puisse interdire l’organisation d’événements politiques. Parce qu’on fait une entorse sur la liberté de manifester pacifiquement, qui est le corollaire de la liberté d’expression. Et l’exécutif se place au-dessus des autres et peut faire ce qu’il veut. D’après la note du ministre, monsieur le président, lui, sera autorisé à parler, à inaugurer, à haranguer la foule. Il y a une situation inégalitaire là. C’est un très mauvais signal», dit encore Faraniaina Ramarosaona.

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La première personnalité politique à avoir réagi est Hajo Andrianainarivelo, président du parti malgache MMM.  L’ancien ministre du président Rajoelina s’est indigné publiquement ce week-end contre cette interdiction de manifester dans les lieux publics: «C’est un déni de démocratie. Nous condamnons fermement cette déclaration et cette décision, surtout à la veille d’une élection cruciale. La Constitution n’est plus respectée. Comment voulez-vous avoir confiance aux futures échéances si dès maintenant le gouvernement fait tout pour empêcher la voix des partis politiques et de la société civile de s’exprimer ? Ce qui intéresse ce régime, c’est de rester en place. Rien ne les arrête. Et aujourd’hui on s’achemine vers la dictature. C’est extrêmement grave», a-t-il laissé entendre.

En revanche, pour les autorités du pays, «cette mesure a été prise afin de garantir la paix et la stabilité en cette période préélectorale», soulignent-elles, assurant par ailleurs que «les politiciens réuniront leurs partisans dans un lieu public en temps voulu».

L’élection présidentielle malgache de 2023 est prévue pour se tenir les 9 novembre et 20 décembre 2023 afin d’élire le Président de la République de Madagascar. Le Président sortant Andry Rajoelina est éligible pour un second mandat.

V. A.