L’ONU confirme le lien entre le Rwanda et le M23, une victoire pour la RDC

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Nations Unies à Genève (Suisse).

Genève (© 2022 Afriquinfos)Le Rwanda affirme depuis des mois n’être ni impliqué, ni responsable dans les conflits qui sévissent à l’Est de la République Démocratique du Congo. Pourtant, le dernier rapport de l’ONU corrobore les allégations du président Félix Tshisekedi en affirmant qu’un lien étroit unit l’armée rwandaise au M23.

Formé après la guerre du Kivu (2004-2009), le M23 (Mouvement du 23 mars) est un groupe rebelle tutsi. Vaincu une première fois par l’armée congolaise en 2013, le M23 refait surface l’année dernière en revendiquant le non-respect des autorités congolaises vis-à-vis des accords pour la réinsertion de ses ex-combattants. En juin, alors que les affrontements entre forces armées congolaises (FARDC) et M23 s’intensifient, le groupe armé s’empare de la ville de Bunagana. Une goutte de plus dans le vase déjà bien rempli des relations congo-rwandaises.

 Les allégations congolaises confirmées

 Suspecté de soutenir le M23, le Rwanda est accusé d’agressions par la RDC qui décide de suspendre tous les accords bilatéraux signés avec Kigali. Parmi ces accords, celui concernant l’extraction de l’or à l’Est, conclut une année plus tôt entre les deux présidents. Car pour le chef d’État congolais, l’instabilité de cette région riche en ressources représente une aubaine pour son voisin rwandais: «Le Rwanda continue d’essayer d’occuper notre terre riche en or, coltan et cobalt pour l’exploiter et pour (son) propre profit. Il y a une guerre économique pour la bataille des ressources», déclare Félix Tshisekedi.

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Dévoilées le 4 août dernier par l’AFP, les conclusions du rapport des experts de l’ONU sur la situation à l’Est de la RDC confirment un lien existant entre le Rwanda et le M23. Une information d’envergure qui corrobore la version congolaise, mais qui pourtant n’étonne pas. En 2012 et 2013 les experts onusiens avaient déjà «dénoncé un soutien de Kigali au mouvement, déclenchant une forte pression internationale sur le Rwanda».

Cette année, l’enquête affirme que l’armée rwandaise a «lancé des interventions militaires contre des groupes armés congolais et des positions des forces armées congolaises» depuis au moins novembre 2021, mais également «fourni des renforts de troupes au M23 pour des opérations spécifiques», notamment pour «s’emparer de villes et zones stratégiques». Parmi ces opérations, la prise de Bunagana à l’origine de la montée des tensions entre Kagamé et Tshisekedi.

«Nous appelons le Conseil de sécurité à condamner cette énième agression meurtrière»

Si elle a salué le rapport des experts, la RDC a annoncé attendre des actions de la part de la communauté internationale: «Nous appelons le Conseil de sécurité à condamner cette énième agression meurtrière et à en tirer toutes les conséquences afin d’obtenir le retrait définitif du M23 de toutes les localités occupées et de soutenir le processus judiciaire devant aboutir à la condamnation des coupables et à la réparation en faveur des familles des victimes», a déclaré le ministre de la Communication, Patrick Muyaya.

Pour le Prix Nobel de la Paix, Denis Mukwege, des sanctions sur les plans «politique, diplomatique, économique [et] militaire» doivent être appliquées à l’encontre du Rwanda, «conformément aux résolutions 1807 et 2293 du Conseil de sécurité des Nations unies qui sanctionnent notamment, les personnes et entités qui se livrent à des actes qui compromettent la paix, la stabilité ou la sécurité de la République démocratique du Congo», a-t-il précisé. Le médecin a également rappelé que «l’implication de l’armée rwandaise aux côtés du mouvement terroriste M23 est connue depuis des mois par l’armée congolaise qui a déjà récupéré des équipements militaires et arrêté des soldats rwandais sur le territoire congolais».

Côté rwandais, la ligne de défense ne change pas. Yolande Makolo, porte-parole du Gouvernement du Rwanda a ainsi évoqué le «droit légitime et souverain [du Rwanda] de défendre son territoire et ses citoyens, et pas seulement d’attendre qu’une catastrophe se produise». Kigali accuse également Kinshasa de soutenir les FDLR, un groupe rebelle considéré comme une menace par le Rwanda et actif à l’Est de la RDC.

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