Ouagadougou (© 2022 Afriquinfos)- Après huit ans d’exil en Côte d’Ivoire depuis sa chute en 2014, l’ex chef d’Etat burkinabè Blaise Compaoré, serait attendu avant la fin de cette semaine à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, a-t-on appris de source officielle.
S’exprimant ce mercredi 6 juillet 2022, à l’issue du conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement burkinabè Lionel Bilgo a expliqué que l’ex-président burkinabè participera avant la fin de la semaine à une rencontre entre les anciens chefs d’Etat du Burkina Faso et l’actuel président, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba.
« Pour ce qui concerne la rencontre des anciens chefs d’Etat et le chef d’Etat actuel, il y aura bien-sûr une rencontre présentielle. Donc cette venue (de Blaise Compaoré) très probable et même attendue par les anciens chefs d’Etat présents au Burkina Faso afin de tenir une rencontre de haut niveau« , a-t-il souligné.
Selon une source proche en effet, un émissaire du chef de la junte militaire, le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba, « l’a rencontré la semaine dernière à Abidjan à cet effet« . Pendant son séjour, il résidera dans une villa d’Etat dans laquelle avait été placé en résidence surveillée le président Roch Marc Christian Kaboré, renversé en janvier, selon elle.
« Mais si son retour définitif était acté, il devra par la suite se retirer dans sa résidence de Ziniaré, son village natal« , situé au nord-est de Ouagadougou, a-t-elle ajouté.
Blaise Compaoré serait attendu entre jeudi et vendredi à Ouagadougou, ont d’ailleurs expliqué des proches de l’ex-dirigeant.
Des réactions mitigées à ce probable retour
«Honnêtement si Blaise Compaoré rentre sans être conduit par la justice à la MACO (Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou, NDLR) il n’y a plus de raison de garder les gens en prison! Ça sera la consécration de l’impunité!» «Si le retour du bibèga national (ce mot en mooré, la langue nationale la plus parlée au Burkina, signifiant «courageux» peut aussi être péjoratif et se traduire par «bandit», NDLR) va stopper net les tueries de personnes vivant au Faso, je vais dès demain monter la garde pour l’attendre. Je me casserai la voix, me fracasserai les 4 membres pour l’applaudir». Ce sont les réactions spontanées de deux intervenants sur un des réseaux sociaux les plus populaires, qui résument assez bien le sentiment général des Burkinabè, à l’annonce de l’information d’une rare viralité.
Réagissant à l’annonce du retour de Blaise Compaoré au Burkina Faso, le collectif des avocats de la famille Sankara a quant à lui appelé, mercredi dans un communiqué, les autorités judiciaires du Burkina Faso à procéder à l’arrestation de M. Compaoré en exécution au verdict du procès.
Cependant pour plusieurs observateurs, ce retour au pays de M. Compaoré après huit ans d’exil entre dans le cadre d’un processus de réconciliation qui a été amorcé par l’ex-président Roch Marc Christian Kaboré et consolidé par son successeur le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba.
D’ailleurs, le 21 juin, M. Damiba a reçu en audience les anciens chefs d’Etat, Roch Marc Christian Kaboré et Jean-Baptiste Ouédraogo, témoignant ainsi de la volonté de réconciliation de M. Damiba, pour un Burkina uni, déterminé et solidaire dans la lutte contre l’hydre terroriste, selon un communiqué de la Présidence. La rencontre traduit la matérialisation de l’appel à l’unité nationale et à la cohésion sociale lancé par le président pour plus de cohésion sociale et pour un pays réconcilié avec lui-même et son histoire, selon la même source.
Blaise Compaoré, qui a dirigé le Burkina pendant plus de deux décennies, 27 ans plus précisément, avant de démissionner sous la pression de la rue en octobre 2014, alors qu’il s’apprêtait à faire modifier la constitution par l’Assemblée nationale, vit en exil depuis lors en Côte d’Ivoire, sous la coupole du président Alassane Ouattara.
Vignikpo Akpéné