Abidjan (© 2019 Afriquinfos)- Alors qu’il se confiait à l’AFP, l’ancien leader des Jeunes patriotes ivoiriens Charles Blé Goudé indiqué qu’il a appris sa condamnation à vingt ans de prison par la justice ivoirienne lors d’une audience à Abidjan, et s’est dit « surpris par ce verdict », prononcé sans la présence d’un avocat.
Selon M. Blé Goudé, joint par téléphone à La Haye où il est en liberté conditionnelle après son acquittement par la Cour pénale internationale (CPI), la justice ivoirienne l’a condamné par contumace à « 20 ans de prison, 10 ans de privation de ses droits civiques, 200 millions de francs CFA » (300.000 euros) de dommages et intérêts à verser aux victimes.
Le tribunal a en outre délivré un mandat d’arrêt contre lui, a-t-il dit. Il était accusé par la justice ivoirienne d' »actes de torture, homicides volontaires et viol », avaient indiqué ses avocats le 18 décembre, jour où son procès devait s’ouvrir.
L’un de ses avocats, Me Suy Bi Gohoré, avait alors affirmé que le président du tribunal criminel d’Abidjan avait « retiré l’affaire du rôle » dans l’attente de l’examen d’un pourvoi en cassation formulé par lui, fondé sur l’absence de l’accusé et sur d’autres vices de forme dans la procédure.
Les avocats avaient dénoncé une « violation flagrante » des droits de M. Blé Goudé, du fait de son impossibilité à assister à son procès.
C’est en compagnie de son ancien mentor, l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo que M. Blé Goudé avait été transféré par les autorités ivoiriennes à la CPI en 2014. Il a été jugé pour crimes contre l’humanité.
Tous deux ont été acquittés début 2019 et placés en liberté conditionnelle dans l’attente de l’examen de l’appel formulé par la procureure de la CPI.M. Blé Goudé ne peut pas rentrer en Côte d’Ivoire tant que la procédure n’est pas terminée.
Le mouvement des Jeunes patriotes a souvent été qualifié de milice par les détracteurs de Charles Blé Goudé et par des ONG internationales. Ces dernières considèrent que M. Blé Goudé a été l’un des principaux acteurs de la montée de la tension en Côte d’Ivoire dans la décennie 2000, qui a culminé en 2010-2011 avec les violences post-électorales ayant fait plus de 3.000 morts.
Des membres de l’opposition estiment que le pouvoir du président Alassane Ouattara met tout en oeuvre pour empêcher le retour au pays de l’ancien président Laurent Gbagbo, également en liberté conditionnelle en Europe (en Belgique) dans l’attente de la décision de la CPI.
L’annonce de la condamnation de M. Blé Goudé survient huit jours après le début de l’affaire Guillaume Soro.
L’ex-chef de la rébellion ivoirienne des années 2000, et ancien président de l’Assemblée nationale, actuellement en France, est visé par un mandat d’arrêt international de la justice ivoirienne.
I.N.