Violences xénophobes envers les Africains: L’Afrique du Sud continue de montrer le mauvais exemple en Afrique

Afriquinfos
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Johannesburg (© Afriquinfos 2017) – Les attaques xénophobes s’enchaînent depuis une semaine Johannesburg à et Pretoria (deux importantes villes sud-africaines). Ces violences visent des étrangers accusés de trafic de drogue et jugés responsables de la criminalité dans certains quartiers.

 

 

Samedi 18 février, des bâtiments ont été incendiés dans la capitale Pretoria. «A 8 heures du soir, un groupe d’hommes s’est planté devant notre porte, ils ont commencé à crier «tous les étrangers doivent sortir. Ils ont tout pillé et ils ont ensuite mis le feu à la maison», témoigne Sogun Oluwa, un ressortissant nigérian. Pendant toute la journée du samedi dernier, dans un quartier situé à l’ouest de Pretoria, trois habitations et plus d’une vingtaine de voitures ont été détruites par des flammes, les forces de l’ordre ont été déployées, plusieurs véhicules blindés ont été déployés sur place et un hélicoptère a survolé la zone. Des étrangers accusent  la police de ne  rien faire pour les protéger. Car, aussi curieux que cela puisse paraître,  il n’y a pas encore d’arrestation.

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C’est  à Rosettenville, au sud de Johannesburg,  que les troubles ont commencé. 26 voitures ont été brûlées dans un hangar par des hommes non identifiés. D’après la porte-parole de la police, il n’y a aucune arrestation pour l’instant et une enquête est en cours.

Face à cette recrudescence  de violences xénophobes, la Société civile s’est réunie ce dimanche après-midi à Johannesburg pour trouver des solutions. Elle a dénoncé l’inertie des politiques  et  les propos de certains responsables.  Herman Mashaba, le nouveau maire de la ville,  avait déclaré en décembre dernier que les immigrés illégaux squattaient les bâtiments du centre-ville et qu’il fallait les mettre dehors.

Une opération qui tourne mal

Les raids (dénommés  «Operation Field») de la police  sud-africaine ces trois dernières semaines ont conduit à l’arrestation de plus de 1.600 immigrés illégaux. Selon les autorités, l’opération a pour but de combattre le crime et ne vise pas spécifiquement les étrangers. Mais, depuis vendredi dernier, plus de 400 Mozambicains en situation irrégulière ont déjà été expulsés ! Un deuxième groupe de 427 personnes doit être renvoyé vers le Mozambique dans les jours qui viennent.

Aussi, les étrangers en situation irrégulière sont-ils détenus dans le camp de Lindela, proche de Johannesburg. Leurs conditions de détention et leurs difficultés à accéder à un conseil juridique sont vivement critiquées par des organisations de défense des droits de l’Homme. Elles accusent le Gouvernement d’amplifier la xénophobie avec une opération que les organisations de la Société civile qualifient de  «populiste et opportuniste»  et qui fait l’amalgame entre criminalité et étrangers.

Les politiques évoquent la question de sécurité nationale et assurent qu’«Operation Field» ne vise pas seulement les étrangers. Plus de quatre  (04) mille arrestations ont été effectuées ces trois dernières semaines parmi lesquelles se trouvent 1.650 immigrés clandestins et plus de 2.000 citoyens sud-africains appréhendés pour des crimes et délits. Selon les autorités, «Operation Field» se poursuit afin de «récupérer les bâtiments publics squattés et débarrasser le pays de la drogue», tout en luttant contre l’immigration illégale.

 

SAMIR GEORGES & ANANI GALLEY