Qui veut la peau de Mohamed Ould Abdel Aziz ?

Afriquinfos Editeur
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Qui ? Qui donc a tiré le 13 octobre contre le président mauritanien ? Evacué le lendemain à l’hôpital militaire de Percy-Clamart, près de Paris, Mohamed Ould Abdel Aziz semble l’avoir échappé belle. Pour autant, le mystère continue de planer sur les circonstances de sa blessure intervenue suite à des événements qui se sont déroulés, semble-t-il, sur une piste non bitumée, à proximité de la localité de Tweila, à 40 kilomètres de Nouakchott. 

Simple accident dû à une erreur d’appréciation de soldats loyalistes qui ignoraient que le chef de l’Etat se trouvait dans la voiture banalisée prise (après sommation ou avant sommation ?) pour cible ? Tentative d’assassinat, suite à un soulèvement d’une partie de l’armée ? Attentat terroriste organisé par des éléments d’Al Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) ? 

Avant de prendre l’avion pour la France, le président a lui-même écarté l’hypothèse d’un complot ou de tiraillements au sein de l’armée, privilégiant la thèse d’un « incident commis par erreur par une unité de l’armée », cela en dépit des quatorze balles essuyées par son véhicule. 

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Pas si simple, surtout dans un pays habitué, ces dernières années, à des intrigues politiques, des tentatives de putsch et des attentats terroristes. Une source sécuritaire à Nouakchott fait ainsi état d’un tir visiblement destiné au seul président. Cette version, si elle se confirmait, conforterait la thèse du complot. Ourdi par qui ? Un adversaire politique pressé de prendre un raccourci pour accéder au sommet de l’Etat ? On peut en douter. L’opposition mauritanienne a, jusque-là, toujours joué la carte de la légalité républicaine, même lorsque le pouvoir, lui, s’en écartait. Pour preuve : les adversaires d’Abdel Aziz ont annoncé « une trêve » politique dès l’annonce de la blessure d’un homme arrivé au pouvoir en août 2008 par un coup d’état. Qui, alors, peut en vouloir à ce dernier au point d’inspirer ou d’armer la main d’un tueur ? 

Abdel Aziz, 55 ans, ne manque pas d’ennemis. Chez lui, certes, mais aussi au Mali, où on le suspecte d’être l’un des inspirateurs et bailleurs de fonds occultes du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), la rébellion touarègue. Ou au Burkina Faso, pays de résidence de l’un de ses plus farouches opposants, Moustapha Chaffi, un proche conseiller du président Blaise Compaoré. Chaffi est « wanted » mort ou vif à Nouakchott qui l’accuse de vouloir renverser le régime. 

Cela dit, le coup peut tout aussi bien être l’œuvre d’Aqmi qui accuse régulièrement le président mauritanien de mener pour le compte de la France une « guerre par procuration » contre ses katibas (unités combattantes). Par le passé, l’organisation terroriste a essayé, avec un succès tout à fait relatif, de frapper à l’intérieur des frontières mauritaniennes, notamment dans la capitale. Mais, selon des spécialistes, le mode opératoire utilisé lors du mystérieux « tir » du 13 octobre contre Mohamed Ould Abdel Aziz ne semble pas correspondre à la « méthode Aqmi ».