Une médiation internationale au chevet du climat post-électoral tendu en Sierra Leone

Afriquinfos Editeur
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Freetown (© 2023 Afriquinfos)- Comme annoncé, les pourparlers entre le gouvernement de la Sierra Leone et le All People’s Congress, parti d’opposition, ont débuté ce lundi 16 octobre 2023. Placé sous l’égide de l’Union Africaine et de la Cédéao et du Commonwealth, ce difficile dialogue vise à sortir ce pays d’Afrique de l’ouest de l’impasse politique après les élections contestées de juin dernier.

Présente à Freetown, la capitale sierra-léonaise depuis le 13 octobre, l’Union africaine (UA), la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et le Commonwealth facilitent conjointement un processus de médiation entre le gouvernement de la Sierra Leone (GOSL) et le parti All Peoples Congress (APC) sur les résultats des élections du 24 juin 2023.

La mission de médiation avec à sa tête, l’ancienne vice-présidente gambienne Fatoumata Jallow Tambajang, ambitionne de soutenir le processus de paix dans ce pays. Elle a, en amont tenu des consultations avec les principales parties prenantes du pays, y compris la direction de l’APC et son candidat à l’élection présidentielle du 24 juin 2023, le Dr Samura Kamara, les ministres, la direction de la Commission électorale de la Sierra Leone (ECLS), les organisations de la société civile.

La Sierra-Léone, étant dans un contexte fragilise depuis les dernières élections, ces pourparlers sont censés rapprocher les positions des deux camps, alors que le principal parti d’opposition, l’APC, continue de rejeter les résultats des élections présidentielles, qui auraient été ‘’truquées’’, selon lui, en faveur du président Julius Maada Bio.

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L’enjeu de cette médiation est de faire revenir l’opposition dans la gouvernance du pays, car depuis quatre mois, l’APC boycotte tous les conseils locaux et le Parlement et continue de rejeter les résultats des élections présidentielles, qui auraient été « truquées », selon lui, en faveur du président Julius Maada Bio. Hormis deux députés frondeurs, qui ont accepté de siéger dans l’hémicycle, le SLPP, le parti au pouvoir, dirige sans contrepoids une situation inédite depuis l’adoption du système multipartite en 1991.

Le président Julius Maada Bio et son rival Samura Kamara, n’assisteront pas aux pourparlers, mais seront représentés par leurs porte-parole.

Mais pour l’analyste politique Idriss Mahmadou Tarawallie, malgré cette absence, leur rôle sera crucial, dit-il: ‘’Les deux camps politiques ont leurs partisans d’une politique ferme. Les membres du parti au pouvoir campent sur leur position : les élections sont terminées et ils ont gagné. Tant pis pour ceux qui ne font que pleurnicher. Quant à l’opposition, elle n’accepte rien d’autre que la publication des résultats définitifs, bureau de vote par bureau de vote, en vue de nouvelles élections générales. Il incombe donc aux dirigeants de calmer leurs partisans car ce dont ce pays a besoin, c’est la raison, la cohésion et la paix.’’

Les discussions interviennent alors  que reprend la semaine prochaine, le procès du chef de l’opposition, Samura Kamara pour corruption.

Julius Maada Bio, 59 ans, a été réélu en juin dans un scrutin critiqué par l’opposition et les observateurs étrangers. Des observateurs internationaux ont noté ‘’des incohérences statistiques’’ entre les résultats partiels et les résultats définitifs et dénoncé ‘’le manque de transparence’’ du processus de dépouillement, tout en appelant au dialogue pacifique pour régler les différends.

Le président Bio, qui a remporté le scrutin avec 56,17 % des voix, soit un score juste au-dessus de seuil de 55 % nécessaire pour éviter la tenue d’un second tour, avait par la suite admis des ‘’limites logistiques’’  lors de ces élections.

Il avait annoncé la création d’un comité comprenant des membres du gouvernement, de la société civile et des agences de développement pour examiner la gestion du processus électoral et formuler des recommandations.

 

V.A.