Tunisie: Réactions à chaud sur l’assassinat de Mohamed Brahmi

Afriquinfos Editeur
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Député et coordinateur général du Courant populaire et originaire de la province de Sidi Bouzid au centre du pays, Mohamed Brahmi est désormais le deuxième opposant assassiné après la révolution du 14 janvier 2011 après Chokri Belaïd abattu par balles le 6 février 2013.

Une source sécuritaire a confié au correspondant de l'Agence de presse Xinhua présent face à l'hôpital Mahmoud Materi au nord de Tunis que Mohamed Brahmi a reçu 12 balles d'une arme à feu dont le model n'a pas encore été identifié.

A l'avenue Bourguiba, les manifestants, dont le nombre ne cesse de s'accroitre, ont scandé des slogans anti-islamistes et hostiles à l'actuel gouvernement dirigé par le parti islamiste Ennahdha, majoritaire à la Constituante. Une partie des protestataires ont appelé à "dissoudre le gouvernement des Frères musulmans" comme inscrit sur l'une des pancartes.

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Dans une première réaction suite à l'assassinat de Mohamed Brahmi, le président de la Constituante Mustapha Ben Jaafar a souligné lors d'une conférence de presse qu'il s'agit d'un " nouveau complot" ciblant la paix sociale, la sécurité et la stabilité du pays qui connait de plus en plus des prémices consensuelles autour de principaux dossiers nationaux ( Constitution, élections).

En direct de l'hôpital Mahmoud Materi au nord de Tunis, Mabrouk Kochrid, avocat, a précisé aux journalistes présents que Mohamed Brahmi a été descendu face à sa maison par un piéton qui tirait sur lui plusieurs balles avant de prendre la fuite. L'incident était, selon la même source, produit devant des membres de la famille du défunt dont deux de ses filles.

Mohamed Bennour, dirigeant et membre du bureau politique du parti du Forum démocratique pour le Travail et les Libertés (parti de la coalition au pouvoir), a réagi sur cet assassinat le qualifiant d'"acte terroriste". Selon lui, cet "acte criminel a été prémédité en cette fête de la République".

"Le meurtre du coordinateur général du Courant populaire est un choc pour tout le peuple tunisien et non seulement pour les différents partis de l'opposition", a indiqué Hichem Hosni député du Front populaire (principale coalition opposante de gauche) lors d'un passage radiophonique.

Selon M. Hosni, l'assassinat de Mohamed Brahmi "intervient 24 heures après la conférence de presse tenue par le chef du gouvernement Ali Laarayedh qui a rassuré quant à l'établissement progressif de la sécurité sur tout le territoire tunisien.

Une réunion urgente du Front populaire avec les différents partis démocratiques de l'opposition au sein comme en dehors de la constituante et des représentants de la société civile devrait se tenir jeudi tard dans l'après-midi afin de discuter des répercussions de cet assassinat mais également de la stratégie la plus adéquate pour faire épargner les Tunisiens d'une guerre civile.

Ancien Premier ministre et actuel secrétaire général du parti Ennahdha, Hamadi Jebali n'a pas mâché ses mots lors d'une déclaration médiatique affirmant qu'il n'est autre qu'un "deuxième épisode horrible d'un complot dont la finalité majeure est de déstabiliser le pays et vexer sa stabilité et sa sureté nationale".

Des observateurs, politiciens et analystes ont déjà commenté l'assassinat de l'opposant Mohamed Brahmi qui survient en cette période où les préparatifs aux élections générales ont démarré avec le vote du conseil de l'instance électorale d'autant que l' Assemblée constituante se veut en plein débat sur les articles de la nouvelle Constitution.

Une majorité des partis de l'opposition ont pointé du doigt les islamistes au pouvoir leur accusant d'être derrière la vague de violence dans le pays et détenant une part de la responsabilité dans les deux assassinats de Chokri Belaïd le 6 février 2013 et quelques cinq mois après de Mohamed Brahmi.