Tunisie : Perturbations à la veille de la présentation du nouveau gouvernement

Afriquinfos Editeur
4 Min de Lecture

M. Arayedh a été désigné le 22 février par le chef d'Etat tunisien pour mener des concertations afin de former un gouvernement dans un délai de 15 jours. Depuis lors, M. Arayedh a essayé de convaincre certains partis de l'opposition de faire partie du nouveau pouvoir entre autres l'Alliance démocratique (bloc parlementaire) et le Parti Républicain.

Alors que le Parti républicain avait refusé dès le début toute possibilité de s'intégrer au nouveau gouvernement qui n'aura pas toutes les chances de réussir, faute de prolongement du gouvernement sortant, l'Alliance démocratique vient de décider définitivement de ne pas faire partie de la prochaine formation gouvernementale.

 "Nous avons décidé de ne pas participer au prochain gouvernement vu l'existence de plusieurs points de discorde entre l'Alliance démocratique et le Premier ministre désigné Ali Arayedh ", a déclaré le député de l'Alliance démocratique Mahmoud Baroudi qui a exprimé des réserves sur les personnes proposées à la tête des ministères de la Justice et de l'Intérieur, "supposées proches du mouvement Ennahdha" (parti islamiste majoritaire).

- Advertisement -

Parmi les autres axes litigieux freinant les pourparlers figurent le refus de dissoudre les Ligues de protection de la révolution qui "sont au service de l'agenda politique du mouvement Ennahdha et du Congrès pour la République" (parti du président de la République et l'un des partis au pouvoir), a encore révélé M. Baroudi.

D'un autre côté et pour des raisons différentes, deux autres parties participants aux pourparlers ont décidé de se retirer de la table, le mouvement "Wafa" (Fidélité) et le bloc parlementaire "Liberté et Dignité" en l'occurrence. Pour "Wafa", il ne s'avère pas utile de fonder des négociations sur un quota politique et " sans revoir les choix politiques en relations avec la révolution tunisienne", d'après une déclaration officielle de Wafa sur sa page officielle. En plus, ce mouvement refuse catégoriquement la neutralité des ministères de souveraineté.

Quant au bloc "Liberté et Dignité", son président Mohamed Taher Ilahi a expliqué son retrait des pourparlers et par conséquent son refus de participer au nouveau gouvernement de M. Arayedh par la " déception" quant aux départements proposés à ce bloc parlementaire au sein du futur gouvernement. Toutefois, le bloc "Liberté et Dignité" soutiendra le nouveau gouvernement lors de la séance parlementaire réservée au vote de confiance". Ainsi le nombre des partis candidats à faire partie du pouvoir et participant aux pourparlers a été réduit pour se limiter à la Troïka (coalition tripartie au pouvoir) formé par le parti Ennahdha, le Congrès pour la République et le Forum démocratique pour le Travail et les Libertés (parti du président de la Constituante).

Et d'ajouter que même le Forum démocratique pour le Travail et les Libertés n'a pas encore tranché sur sa participation dans le nouveau gouvernement, d'après l'un des leaders et ministre des Affaires sociales dans le gouvernement sortant Khalil Zaouia. " Dans quelques heures on annoncera peut-être la fin de la Troïka", a déclaré jeudi M. Zaouia. "Nous sommes toujours pas d'accord sur la neutralité effective des ministères de souveraineté, donc nous continuons les négociations", a-t-il ajouté.

Le nouveau Premier ministre devrait présenter vendredi son nouveau gouvernement au président de la République Moncef Marzouki, sinon, ce dernier chargerait une autre personnalité pas forcément issue du parti islamiste majoritaire Ennahdha pour former un gouvernement. Entre temps, l'opposition ne cesse d'avertir quant à la détérioration de la paix sociale, de la situation sécuritaire outre le fléchissement des indicateurs économiques du pays.