Tunisie : Critiques de l’opposition et des experts sur le Programme d’action du gouvernement pour 2012

Afriquinfos Editeur
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Le Programme d'action du gouvernement pour 2012 a été élaboré "dans un style littéraire et dépourvu d'une analyse profonde", a déclaré jeudi à la presse M. Hafedh Zaafrane, expert international et économiste tunisien spécialisé dans les études sur la pauvreté.

Malgré les projets intéressants et les nouvelles idées qu'il comporte, ce Programme d'action "n'a pas un caractère scientifique puisqu'il ne fournit pas des données chiffrées", a estimé M. Zaafrane.

Les lacunes que comporte le document de ce Programme d'action se traduisent, d'après l'économiste tunisien, à travers "la difficile adéquation entre l'efficience des mesures proposées pour 2012 et leur dimension conjoncturelle à court-terme".

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M. Zaafrane a également fait part de son doute quant à la capacité du gouvernement tunisien de réaliser en six mois un budget de développement dépassant de 34% celui de 2011 et de 23% le budget initial de 2012. Pour relever de "grand défi", l'expert tunisien a estimé qu'il "s'avère impératif d'accélérer le rythme de réalisation de projets et d'assurer leur suivi".

S'adressant aux députés de la Constituante pour présenter le Programme d'action pour 2012, le ministre tunisien des Finances Houcine Dimassi a annoncé que l'Etat tunisien a enregistré un déficit budgétaire de 6,6%.

L'Etat tunisien "a accepté ce déficit au titre de l'année 2012 afin de bien répondre aux attentes de certaines catégories sociales et régions tunisiennes nécessiteuses", d'après M. Ridha Saidi, ministre auprès du Premier ministre chargé des dossiers économiques et sociaux.

Sur l'ensemble du territoire tunisien, les deux dernières années ont enregistré des perturbations dans la réalisation de 780 projets. Cette situation a poussé l'actuel gouvernement à mettre en place un organisme gouvernemental chargé de suivre la réalisation de tous les projets publics prévus dans les régions, " sans oublier l'apport des investissements privés", a encore expliqué M. Saidi dans une déclaration à la presse.

Le gouvernement tunisien a également confirmé l'enregistrement de certains indicateurs négatifs tels qu'un déficit de la balance commerciale et une perte de 8 points au niveau du taux de couverture.

Cette situation est expliquée "principalement par une croissance de plus de 23% des importations, mais surtout des importations des produits de consommation".

"Ceci n'empêche pas que l'Etat ait enregistré un développement économique de 2.2% dû à une nette amélioration dans le secteur du tourisme, un développement dans les investissements", toujours selon M. Saidi.

Du côté de l'opposition, elle voit qu'"il n'y a pas de volonté politique et que ce gouvernement est en train de fuir ses responsabilités en accablant l'Assemblée constituante à chaque fois qu'il s'agit d'une décision importante", a déclaré à la presse Iyed Dahmani, député du Parti démocratique progressiste.

Selon l'opposition, le Programme d'action du gouvernement pour 2012 n'a pas comporté une stratégie claire en matière d'emploi, des mesures relatives à la justice transitionnelle et un délai " bien déterminé" pour l'organisation des prochaines élections, a encore ajouté M. Dahmani.

Dans ce sens, le chef du gouvernement tunisien a annoncé qu'il présentera dans deux semaines au plus tard deux projets de loi relatifs aux commissions électorales tout en mettant en exergue " la nécessité de préserver les "cinq piliers de la démocratie" : la réforme des secteurs de la sécurité, des finances, des médias, de la justice et du parti du Rassemblement constitutionnel démocratique (ancien parti au pouvoir dissous).