Tunisie : Une charte nationale contre la violence et le terrorisme

Afriquinfos Editeur
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Exception faite de sept partis préférant se retirer dès la séance inaugurale, dont le parti islamiste Ennahdha (majoritaire au pouvoir) et le Congrès pour la République (parti présidentiel), les partis signataires de la charte se sont engagés dans une stratégie cohérente en matière de lutte anti-terroriste à même conclure des compromis plus élargis afin de parachever la période transitoire au plus vite possible et dans les conditions les plus optimales.

Mardi, des altercations se transformant en agression verbale et physique ciblant certains présents pro-islamistes étaient le fait saillant de la session inaugurale du congrès. Des scènes fortement condamnées aussi bien par les organisateurs que par les responsables tunisiens et les observateurs étrangers.

Se contentant de charger respectivement le premier conseiller et le ministre des droits de l'Homme, le Président de la République Moncef Marzouki tout comme le Chef du gouvernement se sont absentés de la session de clôture du congrès.

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Intervenant au nom du Chef du gouvernement, le ministre des droits de l'Homme et de la Justice transitionnelle, Samir Dilou, a précisé que "plusieurs dangers menacent le processus transitionnel de la Tunisie essentiellement la violence et le terrorisme (..) La gestion de la période de transition devra fondée sur la cohabitation entre démocratie et patriotisme".

Une série de valeurs pourraient renforcer les résultats des différentes assises de ce congrès, a ajouté M. Dilou, entre autres la réputation de tolérance qui a fait l'identité de la Tunisie à même de préserver l'unité de sa société et conforter s capacité de dépasser les crises.

D'après le ministre tunisien, le vrai danger que pourrait jouer la Tunisie actuellement est le fait que les "forces vives" du pays basculent et optent pour la violence ce qui représente "une trahison aux profondes valeurs d'une révolution assez pacifique que civilisée".

Dans son allocution à la clôture du congrès, la présidente de l' Union tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (centrale patronale) Wided Bouchamaoui a insisté que "les échéances à venir notamment l'adoption de la Constitution et les élections générales devraient réduire les tensions dans le pays".

D'après Mme Bouchamaoui, "si on laisse une telle tendance ( faisant allusion à certains clivages) persister, c'est toute l' économie nationale qui pâtira durablement sans compter le risque de voir l'image de la Tunisie se détériorer davantage à l'étranger ".

Non seulement à cause de la situation économique, nombre d' investisseurs étrangers ont quitté la Tunisie pour d'autres destinations pour mécontentement à l'égard de certains " comportements illicites préjudiciables au fonctionnement des entreprises au mépris du droit au travail et du droit de grève réglementé, a expliqué la présidente de l'UTICA.

En fait, "ce qui importe maintenant est de hâter les échéances de l'étape de transition via un plan d'assainissement du climat politique et social et pour assurer la sécurité du pays", a préconisé le président de l'Assemblée constituante Mustapha Ben Jaafar.

Selon ce dernier, "vaincre le terrorisme et la violence n'est pas seulement au mont Chaâmbi (zone frontalière au centre-ouest où l'armée tunisienne pourchassaient depuis des mois un groupe de terroristes) mais en faisant en sorte d'en circonscrire les causes et en oeuvrant en faveur de l'égalité, de la vraie ouverture politique, des droits de l'Homme et des libertés".

De l'autre côté, a poursuivi M. Ben Jaafar, "il s'agit également de réhabiliter la pensée islamique éclairée en confortant les liens d'appartenance à la patrie, en diffusant la culture du devoir et de la responsabilité et en reconsidérant le schéma de développement à même d'assurer une répartition équitable de la richesse sur toutes les régions du pays".

Bon nombre d'analystes tunisiens et commentateurs étrangers présents à Tunis en prévision du congrès contre la violence et le terrorisme n'ont pas manqué d'afficher leur préoccupation quant aux divergences de vue qui affectent de plus en plus le débat politique général en Tunisie à l'approche d'échéances décisives devant parapher la fin d'une période transitoire et l'entame d'une nouvelle ère de stabilité politique (adoption d'une nouvelle Constitution et établissement d'instances constitutionnelles permanentes), sociale (promotion du mode de vie des citoyens, atténuer le chômage et booster l'emploi) et économique (stimuler l' investissement régional, récupérer la confiance des partenaires étrangers et relancer la croissance).