Tunisie-Budget 2013 : Un programme prioritaire de relance ou un prolongement d’un héritage passé

Afriquinfos Editeur
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Accompagné des ministres de son gouvernement, M. Jebali a prononcé la déclaration gouvernementale relative au budget d'Etat tunisien pour l'exercice 2013 qui sera débattu par les 217 députés avant de l'approuver en séance plénière.

L'actuel gouvernement tunisien s'est fondé en préparant le budget d'Etat et la loi des finances pour 2013 sur les indicateurs qu'il a jugé positifs tout au long de 2012 à savoir un déficit budgétaire limité à 6,6%, une hausse de 6,6% des ressources fiscales injectées dans le budget d'Etat, d'après le document officiel de la déclaration dont une copie a été transférée à l' Agence de presse Xinhua.

"L'approche de développement ainsi que les principales orientations de la loi de finances 2013 repose sur la poursuite de la concrétisation des programmes urgents entamés en 2012 et la satisfaction des attentes incessantes des Tunisiens durant cette période délicate", a indiqué le chef du gouvernement tunisien lors de son discours.

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Avec une hausse de 4,9% par rapport aux prévisions du budget d' Etat complémentaire de 2012, le budget d'Etat 2013 sera en volume de l'ordre de 26 792 millions de dinars (un dinar vaut 0,64 USD) " Ce qui reste un volume record en comparaison avec 2010 et 2011", a fait remarquer le PM tunisien M. Jebali.

Un programme prioritaire pour la prochaine étape de la transition

A travers le budget d'Etat 2013, l'actuel gouvernement se voit capable de promouvoir le développement à l'intérieur du pays, minimiser la disparité régionale, améliorer le mode de vie des catégories démunies et maitriser les pressions fiscales.

La Constituante tunisienne examinera début 2013 le projet d'un nouveau Code d'investissement après avoir appliqué des réformes profondes au niveau de son contenu. Les députés devraient également débattre et approuver un nouveau projet de loi sur le partenariat entre les secteurs privé et public, toujours d'après le Premier ministre Jebali.

Le programme des priorités présenté par M. Jebali prend compte d'une dizaine de points dont le respect des équilibres généraux du pays, rétablir la stabilité et la sécurité (conditions fondamentales du développement), accélérer la création d'emploi, promouvoir le développement régional, combattre la pauvreté, maîtriser les prix, lutter contre la corruption, améliorer les services et réussir de prochaines élections transparentes qui seront supervisées par une instance supérieur indépendante et soumises à un double contrôle tunisien et international.

Les chiffres officiels contenus dans la déclaration du gouvernement indiquent que l'année 2012 a été marquée par une amélioration des investissements qui ont évolué de 13,4%, "suite à la consolidation des investissements publics dans l'infrastructure et l'équipement", a expliqué M. Jebali.

Cette hausse a concerné également les investissements directs étrangers (IDE) et l'investissement privé qui ont atteint un total de 2 400 millions de dinars grâce notamment aux réformes fiscales et la mobilisation de ressources financières étrangères en plus de l'apport de la coopération internationale.

Manque d'une vision dans les attentes du pays

Bien qu'elles ambitionnent de toucher une croissance de 4,5%, accélérer la création d'emploi, préparer un climat d'affaires, concrétiser la justice sociale, promouvoir le pouvoir d'achat du citoyen et stimuler l'investissement privé, les orientations de l' actuel gouvernement tunisien pour 2013 n'ont pas été tellement appréciées par certains députés de l'opposition voire même de la coalition tripartite au pouvoir.

D'une façon générale, le discours du Premier ministre tunisien à l'occasion de la déclaration gouvernementale sur le budget d' Etat 2013 "est un discours en-deçà des attentes", a confié au correspondant de l'Agence de presse Xinhua le député Ahmed Brahim. Dirigeant dans le secrétariat national de la Voie démocratique et sociale (un parti de l'opposition), M. Brahim a affirmé que la Tunisie vit une période de pré-révolution, mais les grandes orientations économiques et sociales ne sont pas différentes à celles de l'ancien régime de Ben Ali : "Il n'y a pas de vision digne des attentes du pays concernant le rôle stratégique de l' Etat qui ne doit pas toujours compter sur le secteur privé pour développer les régions de l'intérieur où l'infrastructure est extrêmement arriérée".

Sur le plan politique, a poursuivi M. Brahim, aucune mesure sérieuse vers un consensus national loin de l'exclusion n'a été observée de la part du gouvernement sans pour autant nier des "pas positifs" au niveau du rôle de l'Etat dans la préservation des libertés et la lutte contre les "milices" qui prétendent imposer leur propre loi. "Nous espérons cette fois que les engagement du gouvernement seront tenus", pour reprendre les expressions de M. Brahim.

Risque de reproduire les fautes du gouvernement prédécesseur

L'actuel gouvernement semble être sur le point de gérer l' héritage de l'ancien régime et celui du gouvernement sortant "peut- être avec un degré moindre, mais les dirigeants de l'actuel gouvernement poursuivent vraisemblablement le même chemin", a déclaré Haithem Belgacem, député et président du bloc parlementaire du Congrès pour la République (parti de l'actuel chef d'Etat et l'un des partis au pouvoir).

"Aujourd'hui, on prétends des programmes et un modèle économique révolutionnaire et s'éloigner de tout ce qui est dépendance aux crédits étrangers d'autant plus que la subvention de l'Etat doit cibler la production au lieu de la consommation".

Dans le cadre d'une approche qui rompt avec le passé, "la Tunisie doit être préparée à une éventuelle crise d'ici 2015 à l' échelle mondiale" a ajouté M. Belgacem en faisant aux politiques économiques de l'Etat notamment concernant le rapport entre importations et exportations. Dans ce sens, le député a cité l' exemple du lait où la Tunisie avait récemment importé d' importantes quantités de la Slovénie suite à une pénurie locale.

D'après M. Belgacem, au lieu de faire recours à l'Union européenne, "force sera de travailler sur la promotion et la commercialisation du produit tunisien à l'étranger. Bien qu'on soit membre du gouvernement, la politique économique du pays n'est pas fondée sur des mesures réellement structurelles mais plutôt sur des mesures correctives et d'ajustement.

La déclaration du gouvernement à l'occasion du budget d'Etat 2013 a porté un contenu riche en indicateurs qui augurent d'un début de relance économique à partir de 2013 mais l'état des lieux réel de la situation (avis des citoyens, experts et analystes locaux) vient contredire les chiffres officiels annoncés par les dirigeants et semer un certain "brouillard" essentiellement en ce qui concerne le taux de chômage, le pouvoir d'achat, les équilibres financiers de l'Etat ainsi que le mode de vie, la création d'emploi et richesse et le développement régional.