Tunisie : 55 ème anniversaire de la proclamation de la République tunisienne

Afriquinfos Editeur
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Le 20 mars 1956, la France finit par concéder à la Tunisie son indépendance totale à l'exception du port stratégique de Bizerte (port situé à l'extrême Nord tunisien, libéré à la Tunisie quelques années plus tard suite à des sanglantes confrontations) après un protectorat déclenché depuis 12 mai 1881. Moins d'un mois après l’indépendance, la première Assemblée constituante fut élue avec pour président le leader, Habib Bourguiba, qui devint premier président de la République.

 A l'occasion de cette fête, le président de l'Assemblée constituante, Dr Mustapha Ben Jaafar, a tenu une séance plénière extraordinaire en présence du chef de l'Etat, Moncef Marzouki et du Premier ministre, Hamadi Jebali, ainsi que des membres du gouvernement, certains ambassadeurs accrédités à Tunis et des chefs de commissions diplomatiques.

 Ce jour du 25 juillet revêt une importance symbolique coïncidant avec la chute du régime royal et l'ouverture d'une nouvelle page sous le régime républicain, a souligné Dr Ben Jaafar à l'ouverture de la séance extraordinaire de la Constituante.

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 En dépit des atouts et points forts de la première Constitution de l'indépendance (1956), "la Tunisie a connu tout au long de ces années sous l'effet du pouvoir d'un parti unique qui a concrétisé de plus en plus la dominance d'un régime présidentiel au détriment des libertés", a indiqué le président de la Constituante.

Selon M. Ben Jaafar, les défis majeurs de l'actuelle étape en Tunisie sont la rédaction d'une nouvelle Constitution qui contrôle les pouvoirs et "représentera un nouveau contrat qui gère la vie des Tunisiens très loin des conflits, rancunes et divergences (..) ".

 Pour sa part, le président de la République, Moncef Marzouki, n’a pas manqué, lors de son discours, de souligner l'aspect symbolique et historique de la date du 25 juillet de chaque année, notamment après la révolution du 14 janvier 2011. "La révolution tunisienne a réalisé trois grands atouts pour le pays: le parachèvement de l'indépendance de la Tunisie en rompant avec la dictature ; l'instauration de la démocratie à travers des élections transparentes du 23 octobre 2011, ainsi que la mise en place des fondements de la République, au sein de laquelle, le peuple choisit librement ses dirigeants", a précisé M. Marzouki.

 Evoquant la rédaction de la nouvelle Constitution et la nature du nouveau régime politique du pays, le président tunisien a insisté sur les faiblesses du régime parlementaire dont la dominance du parti de la majorité. Il a ajouté que "la nouvelle Constitution devra veiller sur la préservation des générations future contre tout éventuel retour de la dictature".

M. Marzouki a profité de cette occasion pour féliciter le peuple libyen pour la réussite des récentes élections du Congrès général et les égyptiens pour la réussite de leur révolution du 25 janvier 2011. Le chef d'Etat tunisien a renouvelé le soutien de son pays au peuple syrien tout en appelant les Tunisiens à contribuer à ce soutien grâce à des aides et dons humanitaires.

"Des discussions sont en cours entre la présidence de la République et les ministères de la Défense et de la Santé afin de programmer l'envoi, prochainement, des aides humanitaires et médicales au peuple syrien", a fait savoir M. Marzouki.

 La célébration du 55e anniversaire de la République tunisienne survient au cours d'une étape "historique et délicate" que connait la Tunisie depuis le déclenchement de la révolution de 201, a souligné le chef du gouvernement, M. Hamadi Jebali, lors de son allocution au siège de la Constituante. La Tunisie, a-t-il ajouté, a franchi des pas majeurs sur la voie de la construction de la République "selon les principes de la justice transitionnelle, une Constitution représentative de la volonté populaire et dans le cadre d'un climat prospère de consensus".

M. Jebali a insisté, par la même occasion, sur l'engagement de son gouvernement à tenir ses promesses d'organiser des élections présidentielles le 20 mars 2013. Il a également annoncé qu'un nouveau "contrat social" sera rédigé et présenté officiellement au grand public le 17 décembre 2012.

A l'occasion du 55e anniversaire de la proclamation de la République tunisienne, les trois présidents (République, Constituante et gouvernement) se sont convenus à mettre le doigt sur trois principaux défis politiques à savoir la rédaction d'une nouvelle Constitution et la tenue des élections dans les délais fixés, ainsi que le choix d'un régime politique (présidentiel modéré, parlementaire, mixte).

Les trois dirigeants tunisien ont insisté sur l'importance d'établir le consensus sur un régime politique adéquat pour la Tunisie suivant un "model consensuel national", de garantir la rupture avec la dictature, d'assurer l'équilibre entre les pouvoirs, de mettre en place les fondements d'un Etat solide où prévaut la suprématie de la loi, de garantir la justice via un pouvoir judiciaire indépendant et finalement d'instaurer un instrument capable de garantir la constitutionnalité des lois.