Une transition possible mais de plus en plus menacée en Tunisie

Afriquinfos Editeur
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UN CONSENSUS POSSIBLE MAIS MENACE

"La phase de transition en Tunisie a favorisé un consensus possible entre les différents acteurs sur la scène politique, toutefois, ce consensus est menacé", a indiqué le président de la République tunisienne Moncef Marzouk au Centre des Nations Unies pour la primauté du droit et la lutte contre la corruption à Doha (Qatar).

D'après le chef d'Etat tunisien, son pays "n'a pas pu trouver à ce jour un équilibre entre une justice transitionnelle et une justice vindicative", d' autant plus que la réalisation de cette justice "était possible durant les 6 premiers mois de la révolution (…) sa réalisation à l'heure actuelle n'est pas chose facile".

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La disproportion régionale nuit encore au développement et à la création de richesses en Tunisie. Dans ce sens, M. Marzouki a fait remarquer, lors d'une visite à la province de Tataouine (Sud-est tunisien), que "les lois actuelles et les formalités administratives n'aident pas à garantir la célérité dans l'exécution des projets" et par conséquent le ralentissement de l'employabilité dans les régions, alors que le chômage touche en Tunisie plus de 700 mille jeunes.

 L'ENGAGEMENT DE TUNISIENS EN SYRIE MENACE LA SECURITE DU PAYS

 L'engagement de Tunisiens en Syrie menace la sécurité régionale et nationale, selon le président Marzouki qui ajoute que la Syrie est devenue désormais une destination pour les groupes armés et les djihadistes (islamistes radicaux) dont "des jeunes Tunisiens en font partie".

En effet, l'engagement de Tunisiens dans le conflit armé en Syrie ne cesse de prendre de l'ampleur. Samedi dernier, Hamza Ben Rejab, un étudiant tunisien handicapé est rentré à Tunis après avoir rejoint le front des djihadistes en Syrie.

 Selon son frère Ikbel, le jeune tunisien était totalement "traumatisé" par ce qu'il a vécu. "Mon frère était toujours sous le choc suite à ce qu'il avait découvert alors qu'il croyait aller pour participer au djihad (guerre sainte)". Et de qualifier de "commerçant de la religion" des recruteurs tunisiens pour ce genre de djihad. Intervenu sur cette affaire, le chef du gouvernement tunisien Ali Laarayedh a expliqué que l'Etat tunisien ne peut pas empêcher ses citoyens de sortir du pays pour le tourisme ou les affaires. "Du point de vue légal, nous ne pouvons pas empêcher des personnes qui prétendent aller en Syrie en passant par la Libye ou la Turquie pour des études, le travail ou la détente".

Cependant, le Premier ministre tunisien a prévenu que "ceux qui veulent mettre les voiles pour l'inconnu, sans préciser les raisons de leur voyage, nous les avons empêché de quitter le pays".

LA STABILITE MENACEE PAR LA FLAMBEE DES PRIX ET LE TAUX ELEVE D'ENDETTEMENT

 L'endettement de la Tunisie a augmenté de 20% durant les deux dernières années, a indiqué dimanche lors d'un meeting au Palais des congrès à Tunis Hamma Hammami, porte-parole du Front populaire, une coalition politique d'une dizaine de partis de gauche.

D' après M. Hammami, le service de la dette tunisienne a atteint cette année 4 280 millions de dinars (2 699 millions USD) tandis que l'enveloppe réservée au développement s'élève à 5 300 millions de dinars (3 342 millions USD). Ainsi, le Front populaire a appelé les autorités tunisiennes à suspendre pour 3 ans le remboursement des dettes extérieures du pays tout comme la décision prise, selon M. Hammami, en Argentine, en Islande ou à l' Equateur.

D' un autre côté, le peuple tunisien a fort besoin aujourd'hui de ces fonds pour lutter contre la cherté de la vie, toujours selon le porte-parole du Front populaire qui estime que "les grandes forces financières dans le monde proposent des crédits pour aider les peuples mais aussi pour contrôler leur destin". La Banque centrale de Tunisie (BCT) indique que le niveau de l'endettement de la Tunisie se traduit par 47% du PIB du pays, un taux qui reste "maitrisable" d' après le gouverneur de la BCT Chedly Ayari. Ce dernier a confirmé pourtant que la croissance de son pays annoncée à 4,5% en 2013 "ne sera pas possible compte tenu de la situation sécuritaire, économique et sociale".

Du côté de la hausse des prix, le gouvernement de M. Laarayedh a décidé une série de mesures aux niveaux de la production, l'approvisionnement, le contrôle économique et sanitaire en plus de la lutte contre la contrebande qui ne cesse de propager notamment sur les frontières avec la Libye au sud-est et l'Algérie au nord-ouest. Par contre, "le gouvernement n'a pas l'intention de revenir sur sa décision d'augmenter les prix des hydrocarbures". "Le budget de l'Etat, a expliqué M.Ridha Saïdi, ministre auprès du Chef du gouvernement tunisien chargé des affaires économiques, n'est plus en mesure de supporter les pressions exercées par la hausse des cours des hydrocarbures sur les marchés internationaux", faisant remarquer que l'objectif escompté du gouvernement pour 2013 est de limiter le déficit budgétaire à 5,9%".

Cependant, la flambée des prix a déclenché une nouvelle vague de colère auprès de la population.  Des experts tunisiens ont averti quant aux impacts néfastes sur la compétitivité de l'entreprise tunisienne suite à la hausse continue des prix.

 Le nouveau gouvernement tunisien exerce sa mission "en silence", tout en essayant de préserver les équilibres économiques du pays et rassurer les Tunisiens avec le rétablissement progressif de l'ordre, mais l’accomplissement de la transition demeure encore incertain vu le retard de l’adoption de la Constitution et la création de l’instance électorale en plus des menaces émanant du trafic d’armes sur les frontières.