Togo : Les solutions du GF2D pour tempérer les répercussions des incendies de marchés

Afriquinfos Editeur
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Les deux grands marchés togolais touchés par des sinistres début janvier 2013 étaient peuplés essentiellement de femmes (qui représentent 52% de la population togolaise) qui sont le socle financier de plusieurs foyers. Quelles peuvent être les conséquences générales afférentes à cette catastrophe et peut-on craindre par-delà une montée de l’indice de pauvreté sur le moyen terme à Lomé et à Kara ?

Les incendies des Grands marchés de Lomé et de Kara constituent de graves catastrophes très regrettables pour notre pays parce que ces marchés contribuent de façon significative au Produit Intérieur Brut (PIB).

Ces incendies ont produit des dégâts énormes qui vont affecter la vie des femmes commerçantes concernées parce qu’elles ont eu des chocs qui les ont rendues malades. C’est vrai qu’il n’y a pas eu de perte en vies humaines mais ces femmes ont senti la mort dans leur âme, parce que ce sont des années de sacrifices, de travail et d’efforts qui ont été consumées en une seule nuit. Des pertes qui peuvent être estimées à des centaines de millions de francs CFA. Cela est d’autant plus triste que cela arrive en début d’année.

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Il faut aussi savoir que les femmes commerçantes ne sont pas les seules à subir ces effets mais ce sont des familles entières dont elles ont la charge qui ressentent les conséquences ravageuses de cette situation. Les banques et les Imf (Institutions de micro-finance) qui ont prêté de l’argent aux sinistrées, sont aussi mises à mal par ces incendies. De même, du fait aussi qu’elles ont perdu leurs activités génératrices de revenus, ces femmes ne peuvent plus payer les impôts à l’Etat. Donc, c’est toute l’économie nationale qui est mise à genoux. Nous, au GF2D, souhaitons que chaque Togolaise et Togolais puissent apporter leur contribution pour amoindrir les effets de ces sinistres.

Peut-on s’attendre à travers ces sinistres à un début de déclin des activités commerciales des célèbres « Nana Benz » et de la réputation du grand marché de Lomé (animé essentiellement par des femmes) à l’échelle sous-régionale ou internationale ?

Il est certain que la pauvreté va s’accentuer parce qu’il faut du temps pour ces femmes pour reconstituer leurs activités et leurs économies perdues, et on peut se demander si cela ne sonne pas le glas à la génération des « Nana Benz » ! Mais je reste optimiste. Je préfère m’inscrire plutôt dans une logique d’espoir car j’ai foi en la capacité de ces vaillantes et dynamiques femmes à reconstituer rapidement leurs affaires si des mesures idoines sont prises pour leur venir en aide. Cela appelle à des actions à tous les niveaux.

Face à l’ampleur de ces sinistres, quelle forme doit prendre la solidarité des grands opérateurs économiques togolais à l’égard des commerçants (des deux sexes) victimes du sinistre dans ces marchés ?

Une catastrophe nationale demande une réponse immédiate de tous les citoyens. Cette réponse doit prendre des aspects multiformes qui vont des soutiens psychologiques et sociaux aux femmes – afin de les amener à reprendre espoir et confiance en la vie- aux appuis matériels et financiers. Les commerçantes victimes de ces incendies ont vu toute leur vie partir en fumée avec leurs marchandises.

En ce qui concerne les mesures urgentes à mettre à leur disposition, la priorité aujourd’hui est la relocalisation de ces femmes afin qu’elles puissent reprendre rapidement leur commerce. Il faut aussi des négociations avec les banques et les Imf comme cela est en train de se faire avec l’appui du gouvernement. C’est le lieu pour les Imf de jouer leur rôle en termes d’appui social et solidaire et pour les banques d’être plus flexibles envers ces commerçantes qui ont connu une faillite involontaire provoquée par un cas de force majeure.

Cette solidarité nationale doit être prise à cœur par tous. Les artistes ont déjà commencé en projetant un concert en faveur de ces femmes victimes des incendies de Lomé et de Kara ; mais il faut aller au-delà de ces actions en impliquant la diaspora. Les milliers de Togolais qui vivent à l’étranger doivent aussi contribuer à la reconstruction de cette économie. Par ailleurs, l’Etat doit aussi mettre à profit la coopération internationale, tel que cela est indiqué dans le « Pacte International relatif aux droits économiques et socio-culturels » afin de mobiliser les partenaires Techniques et Financiers du Togo autour de ces victimes.

Quelles dispositions prendre afin de limiter les dégâts lorsque ces genres de situation pointent le nez ou amoindrir les conséquences ? 

La première disposition concerne la nécessité pour les services d’assurance de biens et de personnes de créer des polices d’assurance adaptées aux commerces des femmes du secteur informel. En effet, le constat aujourd’hui est que la majorité des femmes ne disposent pas d’assurance couvrant leurs marchandises ou leurs fonds de commerce. La seconde mesure consiste à encourager les femmes à obtenir leurs cartes d’opérateurs économiques et à migrer vers le secteur formel parce que la plupart auront du mal à produire des documents comptables fiables pouvant aider à dresser le bilan de leurs pertes.

Enfin, il urge que l’Etat prenne des dispositions pour garantir la sécurité dans les marchés existants et de construire les nouveaux bâtiments et magasins suivant des normes sécuritaires. Il importe aussi que les femmes soient formées sur les mesures sécuritaires à observer pour prévenir et limiter les risques de ces sinistres au cas échéant.

 Afriquinfos