« La Direction des Togolais de la diaspora » a été portée depuis 2005 sur les fonts baptismaux au sein du ministère togolais des Affaires étrangères. Mais, c’est le lancement en 2009 du « Programme diasporas » (Initiative pour le recours aux compétences togolaises à l’étranger) qui a remis au goût du jour la place et l’importance de la diaspora (estimée à près de 2 millions d’âmes) dans la planification du développement de la « Terre de nos aïeux » (surnom affectif du Togo).
Quatre études de faisabilité ont abouti à la confection d’un « Document stratégique » bâti par ce Programme et recensant les potentiels apports des Togolais expatriés au développement socio-économique de leur terre natale. Cette série d’études de faisabilité a été menée dans un « contexte de constante méfiance entre autorités togolaises et membres de cette diaspora », apprend-on auprès des architectes de cette démarche scientifique.
L’idée maîtresse qui a présidé au lancement du « Programme diasporas », c’est la nécessité d’une part de combler le défaut de relations suivies et institutionnalisées entre les Togolais de l’extérieur et le pouvoir central de Lomé. D’autre part, il fallait trouver des mécanismes pour convaincre les Togolais expatriés de « briser le cycle de simples envois de fonds au bercail, sans véritablement les canaliser ».
Les grands objectifs du « Programme diasporas » sont de matérialiser un certain nombre de projets en faveur aussi bien de la diaspora que des Togolais restés au pays. Enseignement et santé sont les domaines prioritaires privilégiés pour l’heure. « L’amélioration du climat des affaires » (avec in fine le projet de création d’un Fonds d’appui aux investissements des Togolais de l’extérieur) pour amener davantage d’expatriés à investir sur leur terre natale, l’encouragement du développement local ou encore l’offre d’un plan de retour pour la réinsertion professionnelle des Togolais vivant à l’étranger sont d’autres axes privilégiés par le « Programme diasporas ». Les plus grands succès enregistrés par un tel « Programme» à ce jour résident dans l’enrôlement de médecins et professeurs vivant hors du Togo pour venir y donner des cours.
Les quatre études de faisabilité susmentionnées se sont focalisées sur les axes suivants : «Dégager le profil technique de la diaspora», «contribution de la diaspora à l’initiative privée au Togo », « optimisation des transferts de fonds vers le Togo », «action diaspora en faveur du développement local». Ces études ont été effectuées sur financement de la BAD (Banque africaine de développement).
La plus grosse difficulté rencontrée dans la déclinaison des projets du « Programme diasporas » est l’absence d’une «politique nationale sur la migration et le développement au Togo». Cette étude a permis aux architectes de ce «Programme» de formuler des recommandations générales à l’endroit de diverses entités : le gouvernement, la diaspora, la société civile et les bailleurs du Togo.
En 2009, les transferts de fonds envoyés par les expatriés togolais vers leur terre d’origine s’élevaient à plus de 149 milliards de fcfa. Ils sont passés à 154 milliards de fcfa en 2010, 160 milliards en 2011. Ceci sans prise en compte des opérations de transferts effectuées par personnes interposées.
Une chose est certaine, preuves à l’appui avec les statistiques ; ces apports financiers, sur les cinq dernières années, dépassent six fois les appuis budgétaires octroyés à Lomé par ses principaux et classiques bailleurs.
Le « Programme diasporas » est depuis l’an dernier dans sa phase de reformulation. Il devrait être reconduit sur la période 2013-2017.
(Par Edem Gadegbeku)