Somalie : Un parlementaire tué par les shebab en plein ramadan

Afriquinfos Editeur
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Chassé de la capitale en août 2011, le groupe armé continue de harceler les institutions somaliennes de transition, un régime dénoncé comme "apostat", et accroît sa pression pendant le mois sacré des musulmans, qui a débuté dimanche.

Le parlementaire Ahmed Mohamud Hayd, ancien ministre et gradé de l'armée, a été tué jeudi matin dans le quartier du port, l'un des secteurs de Mogadiscio où la présence policière est la plus forte, ont rapporté des témoins.

"C'était un assassinat ciblé, nous avons aussi blessé un autre parlementaire et deux gardes du corps", a affirmé à l'AFP le porte-parole des shebab, Abdulaziz Abu Musab.

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Des hommes armés à bord d'une voiture ont ouvert le feu sur ces parlementaires alors qu'ils sortaient d'un hôtel.

"Ils allaient participer à une session du Parlement quand ils ont été attaqués, la mort de l'un des parlementaires a été confirmée", a déclaré un autre élu, Abdi Bare Yusuf, devant des journalistes.

Les assaillants "se sont échappés après l'assassinat, la police et les autres forces de sécurité ont bouclé la zone", a indiqué un témoin, Abdi Liban.

La zone où a eu lieu cette nouvelle attaque est proche à la fois du Parlement et du palais présidentiel.

"Nous allons continuer de chasser les autres parlementaires s'ils ne quittent pas cette organisation apostate", a lancé le porte-parole shebab en faisant référence au Parlement somalien.

Le mouvement armé avait mené fin mai un assaut contre le Parlement. Quatre élus avaient été blessés.

 

"Au-delà de la Somalie"

 

Les shebab ont promis d'intensifier leurs attaques pendant le mois de ramadan.

Cinq attaques avaient eu lieu lundi, dont l'explosion d'une bombe qui a tué au moins deux personnes sur un marché de la capitale, très fréquenté par des habitants qui faisaient leurs courses en vue de la rupture du jeûne le soir. Deux soldats ont aussi été tués durant la journée.

Le président somalien Hassa Cheikh Mohamud avait pourtant assuré que le gouvernement avait pris toutes les mesures pour contrer la menace shebab durant le mois sacré des musulmans.

Expulsés de la capitale en 2011 par la force africaine Amisom (qui compte 22.000 hommes aujourd'hui), puis de la quasi-totalité de leurs bastions du sud et du centre de la Somalie, les shebab contrôlent toujours de larges zones rurales.

Ils privilégient désormais les actions de guérilla et les attentats, visant notamment la capitale et les institutions de la Somalie, plongée dans la guerre civile en 1991.

Les shebab menacent en outre des pays engagés en Somalie au sein de l'Amisom, notamment Djibouti et le Kenya, récemment frappés par des attaques revendiquées par les islamistes.

Ils "ont la capacité et la volonté de mener des attaques dans la région depuis un moment", mais aujourd'hui "leur volonté de mener des attaques au-delà de la Somalie" est "plus forte", déclarait la semaine dernière à l'AFP le représentant spécial de l'ONU dans ce pays, Nick Kay.

Par ailleurs, selon les agences humanitaires, la Somalie risque cette année une catastrophe alimentaire en raison des très faibles pluies, moins de trois ans après une famine meurtrière.