S. Kebzabo veut offrir au Tchad la tenue de ses premières élections démocratiques depuis 1960

Afriquinfos Editeur
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N’Djamena (© 2022 Afriquinfos)- La tenue de futures élections au Tchad est l’une des priorités du président Mahamat Idriss Déby ainsi que celle du nouveau chef de gouvernement de la transition, Saleh Kebzabo.

Saleh Kebzabo, l’un des principaux opposants au président Idriss Déby Itno tué en 2021, a été nommé ce mercredi 12 octobre 2022, Premier ministre de la Transition. «Nous avons une mission spécifique qui est d’amener ce pays à des élections transparentes, libres, sincères à l’issue des 24 mois de transition», a fait savoir cet opposant historique, quelques temps après sa prise de fonction.  Pour cela, il faudra passer par plusieurs cases, a-t-il reconnu: assurer la paix, lutter contre la corruption, «remettre les Tchadiens au travail» et «construire un État de droit».

Il faudra également donner des gages à l’Union africaine, opposée à l’éligibilité des dirigeants de la transition aux futures élections, des sanctions sont en théorie possible contre le Tchad. Saleh Kebzabo a longuement été l’un des principaux opposants à Idriss Déby, mais il a largement œuvré pour la transition depuis 18 mois, aux côtés du fils de l’ancien président dont il aura pour mission de tenir les promesses. Il avait été nommé vice-président du comité d’organisation du « dialogue national inclusif » devant conduire à des élections présidentielle et législatives.

Ce «programme électoral», comme l’ont qualifié certains opposants, devient aujourd’hui celui de son Premier ministre. Outre cette priorité, le Premier ministre de la transition a également évoqué la réforme de l’armée, l’appareil sécuritaire étant largement aux mains des caciques qui ont accompagné Idriss Déby pendant trente ans.

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Le nouveau Premier ministre tchadien de la transition aura la lourde tâche de former dans les prochains jours, «un gouvernement d’union nationale» tel qu’annoncé lundi par le général Mahamat Idriss Deby dans son discours d’investiture. A 75 ans, cet ancien journaliste a été quatre fois candidat à la présidentielle contre feu le maréchal Déby. Son parti avait rallié il y a 18 mois le Gouvernement nommé par la junte militaire dirigée par le jeune général Mahamat Déby.

« Déby ne sera pas candidat et l’année 2021 sera celle de l’alternance au Tchad. C’est ma ferme conviction », avait-il déclaré en mars 2021.

Il était arrivé troisième à la présidentielle de 1996 avant de se rallier à Idriss Déby au second tour et d’entrer au Gouvernement. Il y a enchaîné les portefeuilles jusqu’à sa rupture avec M. Déby en 1999, qu’il a affronté sans succès lors des présidentielles de 2001, 2006 et 2016.

Saleh Kebzabo, après avoir été l’un des opposants les plus vindicatifs durant les dernières années du régime de Déby père, lequel a régné 30 années durant sur le Tchad, avait reconnu rapidement l’autorité de son fils. Il remplace Pahimi Padacké. Ce dernier avait été Premier ministre de 2016 à 2018, date à laquelle Idriss Déby avait fait supprimer ce poste pour concentrer dans ses mains tout le pouvoir exécutif.

Mahamat Idriss Déby dans le même état d’esprit 

Lors de son discours d’investiture le 10 octobre, Mahamat Idriss Déby avait énuméré une longue liste de priorités : le référendum sur la forme de l’État, l’organisation des futures élections, mais aussi les défis socio-économiques et sécuritaires, comme les conflits intercommunautaires, l’accès aux soins, à l’eau potable, ou encore la lutte contre les délestages.

Il a souligné que « le gouvernement d’union nationale travaillera pour répondre aux préoccupations légitimes de la population » tchadienne.

Il a rassuré ses compatriotes que la sécurité intérieure occupera une place de choix dans l’action gouvernementale « pour mettre fin aux phénomènes des conflits intercommunautaires et aux coupeurs de route qui continuent d’endeuiller les familles tchadiennes ».

Le dialogue national inclusif qui avait débuté le 20 août dernier, a officiellement pris fin le 8 octobre courant. Parmi les recommandations issues de ce dialogue national inclusif, figure notamment la prolongation de 24 mois de la durée de la transition militaire et la possibilité pour les acteurs de cette transition, notamment le général Mahamat Idriss Deby, de se porter candidat aux prochaines élections.

Vignikpo Akpéné