Sotchi (© 2019 Afriquinfos)- Le premier grand « Sommet Russie-Afrique » a été lancé dans la station balnéaire de Sotchi ce mercredi par le président russe Vladimir Poutine qui par la même occasion a promis à un parterre de dirigeants africains de doubler dans les cinq ans les échanges commerciaux.
Prenant la parole à la cérémonie de lancement du sommet, devant des dizaines de chefs d’Etat et de gouvernement Vladimir Poutine a insisté sur le potentiel de développement de l’Afrique. Aussi, a-t-il assuré que la Russie pouvait « au minimum doubler » ses échanges économiques avec le continent dans les cinq prochaines années, vantant les « nombreux partenaires potentiels qui ont de très bonnes perspectives de développement avec un énorme potentiel de croissance ».
Ce premier « Sommet Russie-Afrique », fait ressortir les ambitions de Moscou dans un continent dont il s’est retiré à la chute de l’URSS et où la Chine et les pays occidentaux ont plusieurs longueurs d’avance.
Prennent part à ce forum, 43 dirigeants et plus de 3.000 participants dont de nombreux responsables africains, Dans les allées du sommet, les stands des entreprises d’armement se taillent la part du lion, hommes d’affaires russes et africains se pressant pour manipuler les derniers fusils automatiques présentés par Rossoboronexport, l’agence russe chargée des exportations d’armes.
Parmi les pays africains, seuls le Kenya, la République démocratique du Congo et Djibouti, à travers son port, disposent de stands.
De la même manière peu d’entreprises russes étaient visibles. Une vingtaine en tout et presque aucun groupe énergétique, secteur pourtant crucial de la présence russe à l’étranger.
Des thèmes allant des « technologies nucléaires au service du développement de l’Afrique » aux « minerais africains au profit des peuples d’Afrique ».
Lors de la session plénière, Vladimir Poutine a aussi promis que la Russie continuerait à aider les pays africains en effaçant leurs dettes, assurant que « le montant total » dépassait déjà 20 milliards de dollars.
L’effacement des dettes est un point clé de la politique russe en Afrique, qui conditionne souvent ses programmes à des contrats d’armement avec les pays concernés.
Des pays où la Russie est quasi absente seront aussi représentés, à l’instar de la Côte d’Ivoire avec son président Alassane Ouattara, qui aura en tête l’éventuelle conclusion d’un accord de coopération militaire.
Outre la présence du président sud-africain Cyril Ramaphosa, qui a salué la « relation merveilleuse que nous avons depuis longtemps », et qui en outre voyait le sommet de Sotchi « une opportunité de renforcer nos relations », on notait également la présence des poids lourds comme le Nigérian Muhammadu Buhari, tout comme des partenaires historiques tel l’Angolais Joao Lourenço ou plus récents comme le Centrafricain Faustin-Archange Touadéra.
En 2018, les échanges commerciaux entre la Russie et l’Afrique s’élevaient à 20 milliards de dollars, moins de la moitié de ceux de la France et dix fois moins que ceux de la Chine. Et la majorité du commerce concerne les armes, rare domaine dans lequel la Russie reste en tête.
Pour retourner la tendance, Vladimir Poutine a vanté dans un entretien à l’agence d’Etat TASS une coopération sans ingérence « politique ou autre », à l’heure où certains acteurs africains, inquiets de leur dépendance financière, commencent à ressentir une forme de lassitude face à la Chine.
Xavier-Gilles CARDOZZO