Polémique autour de la commémoration du 28 septembre en Guinée

Afriquinfos Editeur
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Cette date anniversaire a été enlaidie malheureusement par les massacres commis le 28 septembre 2009 dans le grand stade de Conakry par des hommes en armes sur des opposants qui opposaient un refus catégorique à la candidature du capitaine Moussa Dadis Camara, à l'époque chef de la junte qui avait succédé à Lansana Conté, décédé le 22 décembre 2008.

Ce jour des gens avaient été tués et des femmes violées. Les Nations Unies dans un rapport publié à cet effet évaluent le nombre de morts à 157 et une centaine de cas de viols.

A la veille du 3ème anniversaire de la commémoration de ces massacres,  Human Rights Watch, ONG de défense des droits de l'homme a indiqué dans un rapport publié à cet effet que "des centaines de victimes du massacre, des viols et des autres abus commis en 2009 par les forces de sécurité en Guinée attendent toujours que justice leur soit rendue".

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Il a indiqué que "le gouvernement guinéen doit renforcer son soutien vis-à-vis de l'enquête menée à l'échelle nationale, afin que les responsables de ces crimes puissent être traduits en justice sans plus attendre".

L'ONG reconnaît toutefois qu'en février 2010, un comité national de juges a été nommé pour "enquêter sur les crimes du 28 septembre. Le comité a fait d'importants progrès dans le cadre de l'enquête, notamment en interrogeant plus de 200 victimes.

Des poursuites ont aussi "été engagées contre au moins sept personnes en lien avec les crimes : il s'agit, entre autres, de Moussa Tiégboro Camara, le ministre guinéen actuel en charge de la lutte contre le trafic de drogue et le crime organisé et, plus récemment, du colonel Abdoulaye Cherif Diaby, qui était ministre de la Santé de Guinée à l'époque des faits", précise Human Human Rights Watch.

Pour ce qui est de la célébration de ce 3ème anniversaire de ces tueries, les associations des victimes des massacres organisent ce vendredi une journée de prière et de recueillement à la grande mosquée de Conakry.

Cette journée coïncide avec les obsèques de deux jeunes citoyens qui ont trouvé la mort lors des incidents survenus les 21 et 22 septembre derniers dans la capitale, que les partis politiques, membres de l'ADP et du Collectif, organisent ce vendredi.

Alpha Amadou Barry et Fodé Mamoudou Bah, considérés comme des militants de l'opposition avaient trouvé la mort dans des circonstances que les enquêteurs promettent d'élucider.

Le programme établi pour ces obsèques ne conviendrait pas du tout aux autorités religieuses de la capitale, qui craignent que la situation ne dégénère.

Avec la "Levée des corps prévue à la Grande Mosquée Fayçal après la prière de 14 heures, puis le cortège funèbre va s'ébranler jusqu'à Bambéto dans la commune de Ratoma", d'après un communiqué publié pour la circonstance par l'ADP et le Collectif.

Pour éviter des risques de confrontation durant l'enterrement de ces deux victimes, une  délégation des autorités religieuses a rendu visite aux familles éplorées jeudi.

Le Secrétaire général aux affaires religieuses, El hadj Abdoulaye Diassy qui était accompagné du grand imam de la mosquée Fayçal de Conakry, El hadj Mamadou Saliou Camara auraient appelé les parents des deux jeunes gens à enterrer leurs enfants dans la "discrétion", en ne cédant pas à la "passion politique", selon des sources dignes de foi.

Ce 28 septembre se déroule donc dans la polémique, entre une opposition qui soupçonnée de faire de la récupération de cette journée pour entrainer leurs militants dans la rue et un pouvoir qui voudrait prévenir tout débordement.