Cameroun : 3.550 milliards FCFA de financements recherchés pour une agriculture compétitive

Afriquinfos Editeur
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Illustration de la mise en œuvre du Programme détaillé pour le développement de l'agriculture en Afrique (PDDAA) de l'Union africaine (UA) visant à promouvoir sur le continent une croissance économique inclusive par un apport de 6% taux moyen annuel du secteur agricole et rural, le Plan national d'investissement agricole (PNIA) du Cameroun a été validé mercredi à Yaoundé.

Ce document, élaboré avec la participation des partenaires au développement, dévoile quatre domaines d'intervention à travers lesquels la première économie de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC) entend tirer profit de son potentiel de ses immenses ressources naturelles en vue d'un véritable décollage économique national.

Les priorités se rapportent, d'une part, au développement des filières de production (végétales, animales, halieutiques et forestières) et l'amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle. En second lieu, figure la modernisation des infrastructures de production du monde rural et l'amélioration des mécanismes d'accès aux financements.

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Les deux autres axes de travail se résument par la gestion et la valorisation durable des ressources naturelles puis le renforcement des capacités des acteurs du développement et la promotion de la concertation.

 A 70% agricole, le Cameroun n'arrive paradoxalement pas à combler les besoins alimentaires de ses quelque 20,6 millions d'habitants parmi lesquels environ 7,1 millions de pauvres sont dénombrés, d'après les statistiques officielles qui recensent en outre 9,6% de ménages touchés par l'insécurité alimentaire en zone rurale, contre 6,7% en zone urbaine.

 Dominée par les exploitations familiales, l'agriculture reste essentiellement une agriculture de subsistance où, sur environ 2 millions d'exploitations agricoles déclarées, 72% sont connues comme étant polyvalentes, 25% sont spécialisées dans les productions végétales et 3% opèrent dans l'élevage.

 Pour l'heure, la part du ministère de l'Agriculture et du Développement rural, du ministère de l'Elevage, des Pêches et des Industries animales, du ministère de l'Environnement, de la Protection de la nature et du Développement durable et du ministère des Forêts et de la Faune dans les dépenses totales de l'Etat est estimée à 4,5%.

Entre 2010 et 2012, le gouvernement, révèle-t-on, a conclu 94 accords et conventions de financement extérieur d'environ 2.301, 595 milliards de francs CFA, pour tous secteurs confondus, avec les partenaires au développement. Parmi ces fonds, 106,496 milliards de francs (4,6% du montant global) ont été accordés à l'agriculture et au secteur rural.

 De sources officielles cependant, de grands projets industriels portant sur plus de 1,5 million d'hectares sont prévus ou en cours de réalisation, avec le concours de financements nationaux et étrangers, en matière de palmier à huile, d'hévéa, de cacao, de canne à sucre, de soja, de maïs, de tournesol et de manioc pour les filières végétales, et ensuite de poisson, de volaille, de proc et de lait pour les filières animales et halieutiques.

 Pour les objectifs, le Plan national d'investissement agricole adopté mercredi à Yaoundé lors d'une cérémonie présidée par le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Essimi Menye, cible le développement des exploitations familiales performantes à la fois dans l'agriculture, l'élevage, la pêche et l'aquaculture, pour créer des emplois décents, augmenter les revenus en milieu rural et satisfaire à coût raisonnable la demande intérieure en produits alimentaires.

Il préconise aussi le développement des exploitations agropastorales et halieutiques intensives de grande et moyenne importance ainsi que des cultures de rente (cacao, café, coton, caoutchouc, palmier à huile, hévéa, etc.), de l'agro-industrie avec l'exploitation forestière pour la transformation locale et l'exportation dans le respect des normes.

 De manière générale, le PNIA camerounais vise pour le secteur agricole et rural une croissance annuelle moyenne de 7% entre 2014 et 2020 et de 10% après cette période. Un taux spécifique de 8,4% l'an est recherché pour l'agriculture industrielle et d'exportation, contre 7,7% pour l'agriculture vivrière et 9,3% pour l'élevage.

 Sur les 3.550 francs CFA de besoins de financement évalués pour les six premières années de mise en œuvre de la stratégie, des prévisions de mobilisation se limitent à environ 2.202,7 milliards sont annoncées dans le Document de stratégie pour la croissance et l'emploi (DSCE) adopté par le gouvernement en 2009. En 2013 déjà, les engagements publics pour les quatre ministères concernés par le PNIA se chiffraient à 147,2 milliards de francs CFA. Pour cette année, ils s'établissent à 153,7 milliards, soit un taux de progression annuelle de 9%.

D'ores et déjà, les partenaires au développement réunis au sein comité multi-partenaires (CMP) annoncent avoir identifié pour un premier temps environ 400 milliards de francs pour le financement des actions envisagées. Une table des bailleurs de fonds est prévue dans les mois à venir pour permettre d'accélérer la mobilisation des ressources.