Deux leaders de l’opposition en exil réagissent à l’appel du président à rentrer au pays

Afriquinfos Editeur
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Pascaline Kampayano et Pancrace Cimpaye, respectivement candidate malheureuse à l'élection présidentielle burundaise de 2010 et porte-parole du parti Sahwanya Frodebu, tous en exil, ont réagi jeudi à l'appel que le président Pierre Nkurunziza a lancé aux leaders des partis politiques exilés, pour qu'ils regagnent le pays et entament un dialogue avec son gouvernement.

Qualifiant cet appel d'"une petite évolution", Mme Kampayano, du parti UPD Zigamibanga, a souligné que les politiciens exilés " ne sont pas partis de leurs propres grés" et "ont des raisons qui les ont poussés à quitter le pays".

"Quand ces raisons ne sont pas discutées, je ne vois pas comment ils peuvent revenir. La plupart de leurs membres sont emprisonnés et ceux qui osent dénoncer les dérives économiques du pays sont pourchassés à l'extérieur", a-t-elle déclaré au cours d' un journal diffusé en synergie de 10 radios.

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Elle a indiqué que ces leaders en exil ne cherchent pas à discuter avec le gouvernement de Bujumbura pour avoir des postes, mais veulent discuter avec lui des questions qui hantent aujourd' hui le pays comme la corruption, les assassinats, bref le problème de gouvernance.

"Vous pouvez être dans le gouvernement ou dans les institutions, ce n'est pas pour autant que les assassinats vont s'arrêter ou que ce phénomène de corruption va s'arrêter", a relevé Mme Kampayano.

C'est presque le même son de cloche chez le porte-parole du parti Frodebu qui exige comme préalable la libération des prisonniers politiques et des prisonniers d'opinion qui croupissent dans les prisons depuis les élections générales de 2010.

"Qu'il (le président Nkurunziza) libère ces prisonniers politiques et ces prisonniers d'opinion (…) Ca sera un geste fort qui démontre qu'on veut avoir un environnement favorable pour les négociations avec l'opposition. Sinon, nous ne pouvons pas nous mettre dans la gueule du loup de rentrer et à peine arrivés à l'aéroport, on nous transfère dans les différentes prisons de Bujumbura ou de l'intérieur du pays", a indiqué Pancrace Cimpaye.

A l'occasion de la célébration du 49ème anniversaire de l’indépendance du Burundi, le 1er juillet, le président Nkurunziza a lancé un appel à tous les leaders de l'opposition en exil de regagner le pays afin d'entamer un dialogue avec son gouvernement, mais un dialogue qui ne devrait en aucun cas remettre en cause les résultats des urnes de mai à septembre 2010.